Des millions de gens ont adopté la technologie prêt-à-porter pour faire le suivi de leurs pas, de leur fréquence cardiaque, de leur rythme de sommeil, etc. Un grand nombre d'entre nous ont fait du moniteur d'activité physique un compagnon constant. Le suivi de notre santé mentale devrait-il être différent ?

C’était le thème de la dernière séance Les innovateurs RBC à l’approche de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales, qui se déroulera du 30 septembre au 6 octobre au Canada et aux États-Unis.

La séance réunissait l’ancienne olympienne Silken Laumann et deux entrepreneurs, Sam Duboc et Dan Seider, qui croient qu’on peut exploiter la technologie pour faire le suivi de la santé mentale et renseigner l’utilisateur sur des options de traitement plus accessibles.

Voici ce que nous avons appris :

La honte demeure un obstacle majeur à la recherche de traitement. La technologie peut faciliter les choses.

Dans ses mémoires, publiés en 2014 sous le titre Unsinkable, Silken Laumann révèle qu’elle a été victime de violence émotive dans son enfance. Elle avoue avoir hésité à raconter cette expérience de peur que cela ne nuise à son image publique. Avant la publication de son livre, Silken Laumann était perçue par les Canadiens comme une inébranlable rameuse de classe mondiale qui avait surmonté une terrible blessure à la jambe pour finalement remporter une médaille de bronze aux Jeux de Barcelone en 1992. Encore aujourd’hui, la honte associée à la maladie mentale empêche de nombreuses personnes de chercher de l’aide. Et c’est un grave problème, car un Canadien sur cinq sera touché par la maladie mentale au cours de sa vie.

Sam Duboc a une solution à proposer. Son entreprise, Beacon, a créé une plateforme numérique de thérapie cognitivo-comportementale — une approche bien établie pour traiter la dépression, l’anxiété et d’autres troubles de l’humeur. Sam Duboc croit qu’une thérapie en ligne à coût abordable offre une solution viable aux personnes qui hésitent à se présenter dans une clinique.

La technologie offre une solution au problème de l’accessibilité.

Notre système de santé public est conçu pour traiter la maladie mentale lorsqu’elle atteint la phase de la crise, mais nombreuses sont les personnes souffrantes qui n’atteignent jamais cette phase critique parce que leur malaise est léger ou modéré. D’autres personnes n’arrivent pas à se faire traiter parce qu’elles n’en ont pas les moyens ou parce qu’elles vivent en région éloignée. Dans la plupart des collectivités canadiennes, il faut aussi compter avec de longues listes d’attente et un nombre relativement faible de professionnels de la santé. Pour certaines personnes, une appli permettant de suivre son état mental ou de communiquer avec un professionnel de la santé présente un intérêt certain.

Les données ont un grand rôle à jouer.

Il y a huit ans, Dan Seider a reçu un diagnostic de trouble bipolaire. Même s’il a reçu un traitement efficace sous forme de médicaments et de thérapie, il affirme avoir encore amélioré son état lorsqu’il a commencé à étudier l’effet de son comportement sur son bien-être. Il a lui-même programmé un outil permettant de suivre son humeur qui est finalement devenu le logiciel Stigma.

Même si l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le traitement de la maladie mentale peut susciter le doute chez certaines personnes, Dan Seider et les autres participants à notre séance se sont montrés plus optimistes. Puisque l’intelligence artificielle fonctionne en cernant les récurrences et les corrélations, elle peut reconnaître les humeurs ou les comportements nocifs, ce qui constitue en quelque sorte une première étape de traitement.

La protection des renseignements confidentiels est essentielle.

L’exploitation de la technologie mobile pour traiter la maladie mentale soulève certains enjeux de protection de la vie privée. On compte déjà quelque 48 000 applis de bien-être sur le marché. Peut-on s’attendre à ce que chacun de ces intervenants ait à cœur la protection de notre vie privée ? Dans ce secteur émergent, la réglementation est pour l’instant insuffisante. Il faut donc poursuivre le débat public sur la protection de la confidentialité des renseignements, sur les droits des patients et sur les risques que présentent les conseils nuisibles.

Avantages commerciaux potentiels

Au Canada, la maladie mentale est la première source des demandes de prestations d’invalidité. Pour les employeurs, la maladie mentale représente un coût, car elle entraîne une perte de productivité et une hausse d’utilisation des avantages sociaux. La possibilité que la technologie puisse réduire le coût de l’évaluation et du traitement de la maladie mentale suscite donc l’intérêt des entreprises. Sam Duboc indique que sa plateforme de psychothérapie virtuelle est déjà utilisée par certains grands assureurs et certaines universités du Canada. Comme le dit Silken Laumann, un problème de santé mentale ne devrait pas devenir une « sentence de non-productivité perpétuelle ».
 

John Stackhouse est un auteur à succès et l’un des grands spécialistes en matière d’innovation et de perturbations économiques au Canada. À titre de premier vice-président, Bureau du chef de la direction, il dirige la recherche et exerce un leadership avisé concernant les changements économiques, technologiques et sociaux. Auparavant, il a été rédacteur en chef du Globe and Mail et éditeur du cahier « Report on Business. » Il est agrégé supérieur de l’institut C.D. Howe et de la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto, en plus de siéger aux conseils d’administration de l’Université Queen’s, de la Fondation Aga Khan Canada et de la Literary Review of Canada. Dans son dernier livre, « Planet Canada: How Our Expats Are Shaping the Future », il aborde la ressource inexploitée que représentent les millions de Canadiens qui ne vivent pas ici, mais qui exercent leur influence depuis l’étranger.

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