Le mentorat, un atout pour les médecins

Le texte qui suit est une version remaniée d’un article publié à l’origine sur le site de Dr. Bill.

Dans un contexte où de nombreux programmes d’études en médecine offrent la possibilité de faire un cheminement accéléré, il s’écoule souvent beaucoup de temps avant que les étudiants en médecine n’arrivent à des « points de décision » déterminants pour leurs objectifs de carrière – comme le choix d’un emploi, le choix d’un médecin comme superviseur ou la décision de poursuivre ou non une certification supplémentaire. À de telles étapes clés, les médecins qui bénéficient déjà du mentorat d’une personne plus expérimentée et plus âgée sont beaucoup plus susceptibles de faire des choix qu’ils ne regretteront pas. Par ailleurs, les mentors sont souvent en mesure de faire profiter les mentorés de leurs contacts dans la profession, de leur offrir de l’accompagnement ou de les parrainer relativement à des publications, à des promotions ou à des responsabilités particulières.

Voici quelques remarques importantes en ce qui a trait au mentorat :

1. Trouvez un mentor – ou deux

Même si trouver un mentor peut sembler une tâche ardue, de nombreuses possibilités se présentent de façon naturelle. Avez-vous rencontré durant votre résidence des médecins à qui vous pourriez demander de vous offrir du mentorat à plus long terme ? Ou encore, des étudiants plus âgés dont vous avez fait la connaissance à l’école de médecine pourraient-ils jouer ce rôle ? Ou des médecins travaillant dans un nouvel hôpital ou une nouvelle clinique ? Vous pourriez même trouver un mentor simplement en demandant conseil à un médecin en qui vous avez confiance.

En dehors des programmes de mentorat offerts par des employeurs ou dans le cadre de programmes de résidence, il est rare que des occasions de mentorat en médecine soient annoncées. Ce que recommandent la plupart des médecins, c’est de rechercher une personne ayant plus d’expérience que vous dans votre spécialité ou un parcours professionnel qui vous semble attrayant, puis de lui poser quelques questions précises, par exemple : « Comment puis-je trouver une occasion de recherche en pédiatrie avant d’avoir acquis de l’expérience dans cette spécialité ? », ou « Comment avez-vous aimé travailler dans cette clinique ? » Vous pourriez ensuite lui proposer de prendre un café avec vous ou de discuter un peu plus longuement.

Selon l’étape où vous en êtes dans votre carrière en médecine, vous pourriez établir une relation avec plusieurs mentors. À titre d’exemple, un étudiant en médecine pourrait poursuivre la relation mentor-mentoré qu’il a établie avec un médecin plus âgé rencontré durant sa résidence. Par ailleurs, si l’étudiant accepte un poste dans une clinique, il pourrait établir sur place une relation avec un mentor en pratique clinique. Enfin, s’il désire faire de la recherche, il pourrait recevoir le soutien d’un mentor universitaire ou d’un mentor de recherche, qui l’aiderait à faire publier ses travaux ou à repérer des occasions dans le domaine de la recherche.

2. Précisez vos attentes à l’égard de votre mentor

Une fois la relation mentor-mentoré établie, il importe de préciser les attentes de part et d’autre. Selon la revue Harvard Business Review, il n’est pas nécessaire que cette relation se conforme au modèle traditionnel selon lequel le mentoré est soutenu par les conseils d’un expert chevronné. Un mentor peut aussi jouer un rôle d’accompagnateur, de parrain ou de liaison. En plus d’avoir un mentor de type traditionnel pour vous guider à mesure que vous avancerez dans votre carrière, vous pourriez être soutenu par un accompagnateur chez votre employeur, par un parrain qui vous recommandera lorsqu’une possibilité d’emploi ou de promotion se présentera, ainsi que par une personne faisant office de liaison en raison de ses nombreuses relations dans le milieu médical ; cette dernière sera votre « expert en réseautage » et assurera la liaison avec les accompagnateurs et les parrains sur lesquels vous vous appuierez pour réussir.

L’un des principaux facteurs de réussite de la relation mentor-mentoré est une perception claire, de la part du mentor, du rôle que vous aimeriez le voir jouer. Certains mentors pourraient vouloir jouer un rôle se limitant à vous mettre en contact avec d’autres médecins ou à vous recommander en vue de promotions. Ces personnes pourraient ne pas désirer entretenir une relation de nature plus personnelle ou plus suivie avec vous, ou manquer de temps pour le faire, mais se montrer heureuses de vous mettre en rapport avec des gens et de vous recommander lorsque des occasions de promotion se présenteront. Par ailleurs, rappelez-vous que les différences qui existent entre les médecins sur le plan de l’expérience et de la notoriété ont leur importance.

Un spécialiste très réputé pourrait être la personne idéale pour recommander votre candidature à un poste dans sa spécialité, mais il ne sera pas nécessairement très disponible pour avoir des discussions de nature personnelle avec vous. Assurez-vous que votre mentor et vous comprenez bien ce que vous attendez l’un de l’autre. Et si vous savez « lire entre les lignes », il n’est pas nécessaire que ces attentes soient formulées de façon explicite. Votre mentor a-t-il réservé une heure complète de son temps pour prendre un café avec vous, ou ne vous a-t-il accordé que quelques minutes au cours desquelles il a répondu à des courriels ? Montre-t-il de l’intérêt pour votre épanouissement personnel de façon générale, ou vous propose-t-il simplement de profiter de son expérience ? Si vous êtes attentif à certains indices au cours de la rencontre, vous aurez une bonne idée du type de rôle que votre mentor souhaite jouer. Si la rencontre se passe bien et que vous désirez bénéficier d’une relation traditionnelle axée sur les conseils, demandez à la personne si elle accepterait de vous rencontrer de façon suivie afin de vous aider dans votre carrière.

3. Posez à votre mentor des questions qui vous aideront à faire avancer votre carrière

Lorsque vous aurez établi une relation avec un mentor et réfléchi à la façon dont celui-ci pourrait favoriser votre carrière, l’étape suivante consiste à réfléchir à des questions que vous pourriez lui poser afin d’être en mesure de prendre les meilleures décisions pour votre carrière. Prenez le temps d’y songer. Vos questions doivent faire sentir votre intérêt et votre passion pour votre domaine. Elles doivent aussi être précises et ciblées. Ne posez pas à un professionnel chevronné des questions dont les réponses peuvent facilement être trouvées sur Internet. Évitez aussi de considérer votre mentor comme une source d’information que vous pouvez constamment consulter chaque fois que vous désirez quelque chose (qu’il s’agisse d’une résidence en pédiatrie ou d’un contact utile). Par ailleurs, votre mentor pourrait avoir de la difficulté à vous répondre si vos questions sont trop générales (par exemple, « La médecine interne m’intéresse. Quel serait votre meilleur conseil ? »). De telles questions pourraient aussi donner l’impression que vous ne vous êtes pas préparé à votre rencontre. Quels sont les aspects de la médecine interne qui vous intéressent ? Aimeriez-vous avoir de l’aide pour choisir entre deux programmes ? Êtes-vous à la recherche de contacts pour vous aider à obtenir un emploi ? Ou aimeriez-vous simplement recevoir des conseils pour faciliter la transition vers votre domaine ?

Efforcez-vous plutôt de poser des questions qui tiennent compte du type de relation que vous prévoyez avoir avec votre mentor.

• Si vous êtes à la recherche d’un mentor pouvant jouer surtout un rôle de parrain ou de liaison, les questions que vous lui poserez relativement à votre progression professionnelle pourraient être du genre : « Une fois mon diplôme en main, j’aimerais travailler en pédiatrie. Cependant, j’ai fait ma résidence en médecine familiale. Auriez-vous un conseil à me donner pour m’aider dans cette transition ? »
• Dans le cas d’une relation mentor-mentoré plus traditionnelle, les questions que vous poserez à votre mentor relativement à votre carrière pourraient être de nature plus personnelle. Dans le magazine Forbes, on suggère de poser des questions qui invitent le mentor à parler de sa propre expérience. Par exemple : « Auriez-vous pu imaginer à l’école de médecine que vous seriez aujourd’hui où vous en êtes dans votre carrière ? », « Avez-vous dû prendre des risques au cours de votre carrière ? », ou « Quels types de patients avez-vous été appelé à traiter ? » Cette suggestion est particulièrement pertinente dans le domaine de la médecine, car les médecins qui ont connu une carrière longue et passionnante sont souvent très heureux de parler de situations qu’ils ont vécues dans des services des urgences ou en clinique. De telles conversations pourraient vous apprendre une foule de choses. Il est donc très important de vous assurer d’avoir assez de temps pour écouter attentivement votre mentor.

D’un point de vue plus stratégique, il pourrait être bon de poser des questions qui vous permettront de discuter avec votre mentor de vos forces, de vos aptitudes et de vos objectifs. Vous pourriez aussi lui demander, par exemple : « De quelle façon l’expérience que j’ai acquise dans un service des urgences pourrait-elle m’être utile dans le cadre d’un poste en médecine universitaire ? » S’il connaît votre parcours, votre mentor saura quelles sont vos forces et vos aptitudes particulières, et pourra vous aider à mettre le cap sur vos objectifs de carrière. Il pourra aussi attirer votre attention sur les obstacles à éviter et vous donner des conseils qui vous seront utiles au moment des décisions et des transitions importantes.

Vous pourriez aussi demander conseil à votre mentor en ce qui a trait à votre milieu de travail actuel, par exemple en lui posant des questions sur les relations avec les autres médecins et le personnel administratif, sur la façon de s’y prendre pour mériter et demander une promotion et sur les occasions de formation continue qui faciliteront l’atteinte de vos objectifs.

Un mentor joue un rôle clé dans la carrière d’un médecin, car il peut non seulement l’aider à atteindre ses objectifs, mais aussi lui donner de précieux conseils fondés sur son expérience. Rappelez-vous de remercier votre mentor pour le temps qu’il vous accorde, et écoutez-le attentivement. Les relations que vous aurez avec des mentors auront des effets bénéfiques sur votre carrière durant des années !

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