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RBC
L'application et la plateforme Web Siku allient de façon surprenante la technologie et le savoir traditionnel.

L’application et la plateforme Web SIKU sont les premiers outils de médias sociaux conçus par ou pour les Inuits. Lancées en décembre 2019, ces ressources adaptées à la vie de plein air permettent aux habitants de l’Arctique de publier leurs observations de la faune et de raconter les faits saillants de leurs expéditions. Dans leur langue – l’inuktitut –, les Inuits peuvent désigner tous les types de glace marine ainsi que les lieux traditionnels de leur territoire. Ils continuent donc de transmettre des connaissances et des observations traditionnelles, mais désormais de façon numérique.

Grâce à ces nouveaux outils, les Inuits peuvent aussi documenter les conditions de glace et les diffuser en temps réel.

Par exemple, si un utilisateur de SIKU choisit de diffuser les conditions de glace dangereuses pendant une expédition, les autres membres de la collectivité peuvent en profiter en consultant ses messages. Sur la même page, ils peuvent voir les images satellitaires de la région, les prévisions maritimes, et la météo dans les prochaines heures. Grâce à ces renseignements regroupés, il devient facile de déterminer qu’il n’est pas sécuritaire de circuler en motoneige dans cette région.

« Ainsi, une simple publication électronique peut avoir un impact qu’on n’aurait jamais imaginé possible », explique Joel Heath, directeur général de l’Arctic Eider Society, l’organisme de bienfaisance inuit qui a lancé SIKU.

L’importance du partage des connaissances dans un environnement changeant

L’Arctique est la région du monde qui se réchauffe le plus rapidement, selon une étude de 2019 publiée dans la revue Science Advances. Les Inuits qui vivent dans le nord du Canada doivent s’adapter à l’amincissement de la glace et à la perturbation des climats saisonniers. « Il est plus dangereux qu’avant de circuler sur la glace, témoigne Joel Heath. En particulier cet hiver. Les conditions de glace sont inquiétantes. »

Les créateurs de l’application Siku ont voulu procurer aux Inuits un outil leur permettant d’assurer leur sécurité malgré les changements environnementaux. Lors d’ateliers réunissant des anciens, les concepteurs ont bien compris qu’ils devaient tenir compte avant tout de l’autodétermination des Autochtones. Les utilisateurs sont libres de modifier leurs réglages pour partager leurs photos et leurs observations avec les scientifiques. Et beaucoup le font, mais il s’agit fondamentalement pour les Inuits de mobiliser leurs propres connaissances à leurs propres fins.

Contrairement à ce qui se passe dans les autres plateformes de médias sociaux, les utilisateurs de SIKU ne sont jamais dépossédés de leur propriété intellectuelle. « Nous ne pouvons nous approprier les données, et nous ne pouvons rien utiliser sans permission », précise Joel Heath.

L’avenir de SIKU

Joel Heath indique qu’on souhaite étendre la portée de SIKU à plus de collectivités autochtones de l’Arctique, où la population totale est d’environ quatre millions de personnes.

« Des gens de l’Alaska et du Groenland ont manifesté de l’intérêt pour notre application, et certains veulent s’en servir pour assurer la surveillance des aires protégées. Nous étudions les possibilités d’expansion internationale en vue de soutenir d’autres groupes autochtones du monde. L’application SIKU est conçue pour être flexible et déployée à grande échelle. »

RBC soutient SIKU dans le cadre du programme Techno nature RBC. Lancé en 2019, ce programme reflète l’engagement de la banque envers les nouvelles idées, les technologies et les partenariats axés sur les solutions aux problèmes environnementaux. L’application SIKU répond sans doute à tous ces critères.

« Nous collaborons depuis un an avec RBC, précise Joel Heath, et c’est vraiment formidable de pouvoir compter sur son soutien pour assurer la pérennité de la plateforme. »