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Ces producteurs des Prairies poursuivent leur travail essentiel pour le Canada et le monde entier, tout en composant avec les répercussions de la pandémie sur leurs activités.

Aujourd’hui, quand les clients se présentent à la ferme semencière Stamp, près d’Enchant, en Alberta, l’ambiance n’est plus la même. Le café et la conversation faisaient auparavant partie de l’expérience. Désormais, les cultivateurs qui viennent acheter des semences s’en tiennent strictement aux affaires.

« Les relations entre agriculteurs sont amicales, explique Greg Stamp, copropriétaire de l’entreprise. Alors, c’est un peu étrange de ne pas serrer la main de nos clients. Nous avons dû nous adapter, mais nous arrivons tout de même à exploiter notre ferme et à expédier des semences. »

Malgré les obstacles sociaux et commerciaux que pose la COVID-19, la production agricole est toujours essentielle au Canada comme ailleurs dans le monde. Les agriculteurs n’ont donc pas cessé de travailler la terre dans les Prairies canadiennes.

Quelles cultures privilégier ?

Les cours boursiers des diverses cultures – comme le blé pour le pain et les pâtes, ou le canola pour l’huile de cuisson – ont une incidence directe sur les denrées et les superficies que les agriculteurs choisissent de cultiver. Et ces choix influent à leur tour sur la demande en semences à laquelle doit répondre la ferme Stamp. Cette année, la COVID-19 s’ajoute aux facteurs en jeu.

« Les répercussions sur notre entreprise seront variables, car nous servons de nombreux marchés, précise Greg Stamp. Les agriculteurs peuvent décider de cultiver des lentilles pour le marché de l’Inde, des féveroles pour l’Égypte, ou encore des pois pour la Chine. Quelques cultures sont temporairement en forte demande, car certains pays jugent bon de faire des réserves pendant qu’ils le peuvent pour parer à l’incertitude. »

Quand ses clients commencent à semer, Greg Stamp fait de même. Il cultive les semences qu’il vend, et ses ventes de 2021 dépendront du rendement de cette année. En ce qui concerne l’incidence de la COVID-19 sur sa ferme et son entreprise, il reste optimiste.

Une dcision de faire plus de transformation au Canada pour accrotre notre autosuffisance alimentaire peut favoriser le secteur agroalimentaire.

Greg Stamp

« Il est probable que personne ne connaîtra une excellente saison, dit-il. Malgré tout, un changement qui perturbe un marché peut aussi créer des occasions. Une décision de faire plus de transformation au Canada pour accroître notre autosuffisance alimentaire, par exemple, peut favoriser le secteur agroalimentaire. »

Les liquidités au cœur des préoccupations des agriculteurs

« On se préoccupe beaucoup des liquidités en ce moment, dit Todd Lewis, qui exploite une ferme au sud de Regina, en Saskatchewan. Il nous faut un bon fonds de roulement, en particulier à cette période de l’année. La COVID-19 peut avoir un effet sur la nature de la demande, mais dans l’ensemble, la demande devrait être forte. Nous devons simplement assurer la vigueur continue de notre secteur en dépit de la crise. »

La COVID-19 peut avoir un effet sur la nature de la demande, mais dans l'ensemble, la demande devrait tre forte. Nous devons simplement assurer la vigueur continue de notre secteur en dpit de la crise.

Todd Lewis

Au printemps, les semis et la fertilisation représentent un investissement majeur pour les agriculteurs. À l’approche des semis de 2020, Todd Lewis s’est inquiété de manquer des intrants nécessaires. Il a donc commandé le plus de matériel possible le plus tôt possible.

« Nous avons plus de réserves qu’à l’habitude, précise-t-il. Nous avons suffisamment de semences, d’engrais et de produits chimiques. Nous stockons aussi plus de carburant pour être certains d’en avoir assez pour toute la saison. »

Todd Lewis se considère chanceux d’avoir pu vendre le gros de sa production de 2019. En effet, un grand nombre d’agriculteurs des Prairies n’ont pas pu achever leur récolte en raison des fortes chutes de neige de l’automne. Les agriculteurs tentent maintenant de récolter rapidement ces cultures qui ont passé l’hiver dans les champs, avant de faire les nouveaux semis.

Les revenus tardifs ou perdus, suivis des complications découlant de la COVID-19, ont entraîné des difficultés financières pour de nombreuses fermes. Selon un récent sondage réalisé par l’Agricultural Producers Association of Saskatchewan, dont Todd Lewis est le président, plus de 70 % des agriculteurs prévoient une baisse de revenus en raison de la pandémie de COVID-19.

Vent contraire à court terme et optimisme à long terme pour les producteurs de bœuf

« J’envisageais 2020 avec enthousiasme, dit Tyler Fulton, qui élève un troupeau de 600 vaches de boucherie près de Birtle, au Manitoba. J’espérais pouvoir récupérer mes pertes de 2019 et peut-être dégager un bénéfice raisonnable. Les cultures s’annonçaient rentables et la plupart des gens étaient optimistes. »

Mais à la mi-mars, la pandémie a perturbé les plans de Tyler Fulton. Même s’il a réussi à vendre des veaux comme il le fait tous les ans, il en a vendu moins que d’habitude et il a dû les céder à 20 % de moins que le prix en vigueur quelques semaines auparavant. Lorsqu’il doit garder des animaux qu’il aurait préféré vendre, son troupeau plus nombreux demande une plus grande surface de pâturage.

Comme l’explique Tyler Fulton, ce sont les aléas de la chaîne de production du bœuf. Lorsque la vente au détail est perturbée, les transformateurs sont touchés. Et quand les transformateurs sont touchés, les éleveurs le sont aussi.

« Tandis qu’il y avait pénurie de bœuf dans les épiceries, les ventes au secteur de la restauration étaient fortement ralenties, précise Tyler Fulton. Lorsque survient une telle perturbation, l’incertitude se reflète aussitôt dans les prix. »

Les éleveurs de bétail du Canada ont une longue tradition d’autosuffisance. Tyler Fulton croit que cette culture d’autonomie sera importante pour surmonter à court terme les difficultés commerciales découlant de la pandémie. Il entrevoit toutefois des difficultés majeures dans six à douze mois. Il reste malgré tout optimiste pour la période qui suivra.

« Nous considérons la situation à long terme, explique-t-il. Nous tentons d’étendre notre superficie de pâturage, car nous prévoyons avoir plus d’animaux à nourrir. Je crois que nous serons capables de patienter. Notre troupeau va grandir, et je crois que la production bovine reste un bon secteur à long terme. »

Changements en cours dans l’agriculture au Canada

En raison de la pandémie de COVID-19, de nombreuses fermes ont modifié leurs méthodes de réception des intrants et d’organisation du travail aux champs. Par exemple, pour réduire au minimum les contacts, Todd Lewis demande à un seul employé de réceptionner les livraisons, les autres membres du personnel devant se tenir à l’écart. Il a aussi engagé du personnel supplémentaire afin que le travail de la ferme puisse se poursuivre si quelqu’un est malade. De plus, par mesure de précaution, l’équipement de ferme est nettoyé à fond à chaque changement d’opérateur.

On ne sait pas combien de temps le secteur de l’agriculture subira les effets néfastes de la COVID-19, mais les agriculteurs canadiens restent résilients, productifs et optimistes.

« Le bon côté de la situation, c’est que le pare-brise de nos tracteurs sera beaucoup plus propre ce printemps », rigole Todd Lewis.

Découvrez comment RBC soutient les fermes, les ranchs et les entreprises agricoles : Agriculture RBC.