Pour garder son calme lorsqu'elle intervient dans une situation stressante, l'agente de police Lisa Kennedy s'appuie sur une étonnante ressource : les compétences qu'elle a acquises dans son ancien emploi... dans une animalerie.

Mme Kennedy a en effet amorcé sa carrière comme associée aux ventes chez Pet Valu, pour ensuite gravir les échelons et devenir superviseure d’une équipe de vérificateurs. Passer des articles pour animaux aux articles de loi peut sembler un grand écart, mais un nouveau rapport de RBC publié à l’approche de la Journée internationale des femmes révèle que les femmes sont bien positionnées pour mettre leurs compétences à profit et réussir des transitions de carrière comme l’a fait Mme Kennedy.

Le rapport, intitulé Les forces des femmes pourraient être valorisées par l’automatisation, estime que le phénomène de l’automatisation entraînera un risque de perte d’emploi plus élevé pour les femmes que pour les hommes. Malgré l’importante couverture médiatique accordée à la fermeture d’usines automobiles, où les travailleurs masculins sont majoritaires, 54 % des emplois à risque, soit 3,4 millions, sont occupés par des femmes. Les postes d’adjoint administratif, de commis et de caissier de banque, plus susceptibles d’être occupés par des femmes, perdent du terrain face aux nouveaux logiciels, caisses en libre-service et autres guichets automatiques.

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Si les travailleuses risquent davantage de voir leurs tâches remplacées par l’automatisation, elles sont cependant plus nombreuses à détenir les compétences qu’exigeront les emplois de demain. Les femmes sont largement employées dans des professions faisant appel à des compétences générales et sociales, qu’on appelle les « compétences relationnelles », comme le service à la clientèle, des rôles qui demandent de gérer des situations qui surpassent les capacités d’un robot.

Cette tendance fait en sorte que même si on assiste à l’automatisation croissante de tâches spécifiques, les compétences que les femmes sont plus susceptibles de posséder continuent d’être en forte demande : la capacité d’interagir avec le public, de bâtir des relations interpersonnelles et de veiller au bien-être des autres. Les femmes sont aussi généralement plus susceptibles d’avoir travaillé dans un environnement informatique et de connaître les technologies numériques. Elles sont ainsi mieux outillées pour faire la transition vers des domaines d’emploi en croissance, notamment l’éducation à la petite enfance, les techniques vétérinaires, les soins infirmiers ou l’aide à domicile.

Les hommes sont pour leur part trois fois plus susceptibles d’occuper des emplois dans le secteur de la construction, et plus de deux fois plus enclins à travailler en fabrication, des postes qui requièrent un savoir-faire plus pointu et des compétences spécialisées, comme la réparation et l’utilisation de machinerie, mais qui sont particulièrement vulnérables à l’automatisation. C’est ce fossé entre les généralistes et les spécialistes qui fera peut-être la différence entre le succès professionnel et les difficultés d’adaptation dans le futur automatisé, et qui permettra à un plus grand nombre de femmes de trouver de nouvelles carrières en s’appuyant sur les compétences qu’elles détiennent déjà.

Mme Kennedy constate de multiples parallèles entre son ancien et son nouvel emploi, qui font tous deux appel aux compétences en communication et au savoir-faire informatique, ainsi qu’à la capacité de résolution de problèmes. Il y a également un volume étonnant de tâches administratives à accomplir dans le service policier, qui exige la prise de notes détaillées, à l’image du processus de vérification.

Lorsque Pet Valu a décidé d’implanter un nouveau système d’exploitation pour l’ensemble des magasins de la chaîne, Mme Kennedy était aux premières lignes du déploiement : cette expérience s’est révélé une excellente formation en vue de son travail de terrain en tant que policière.

« Je me rappelle avoir été injuriée par un franchisé qui acceptait mal le nouveau système informatique, raconte Mme Kennedy. Ça m’a appris à demeurer calme face à des gens colériques ».

En tirant parti de leur pensée créative et en suivant de nouvelles formations, les femmes sont bien placées pour continuer de prospérer dans le futur marché du travail. Mais elles ne peuvent le faire seules. Selon la recherche de RBC, les femmes sont encore significativement sous-représentées dans les postes de gestion, parmi les moins menacés par l’automatisation. Chez les jeunes Canadiens de 25 à 29 ans, les hommes sont près de deux fois plus susceptibles d’occuper un poste de gestion que les femmes.

Le défi qui se pose donc aux décideurs, c’est d’aider les travailleuses et travailleurs à s’adapter à l’évolution du marché du travail, tout en tirant profit des possibilités issues de ces changements pour permettre aux femmes d’acquérir des compétences en gestion et accroître leur présence au sein des postes de direction.

John Stackhouse est un auteur à succès et l’un des grands spécialistes en matière d’innovation et de perturbations économiques au Canada. À titre de premier vice-président, Bureau du chef de la direction, il dirige la recherche et exerce un leadership avisé concernant les changements économiques, technologiques et sociaux. Auparavant, il a été rédacteur en chef du Globe and Mail et éditeur du cahier « Report on Business. » Il est agrégé supérieur de l’institut C.D. Howe et de la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto, en plus de siéger aux conseils d’administration de l’Université Queen’s, de la Fondation Aga Khan Canada et de la Literary Review of Canada. Dans son dernier livre, « Planet Canada: How Our Expats Are Shaping the Future », il aborde la ressource inexploitée que représentent les millions de Canadiens qui ne vivent pas ici, mais qui exercent leur influence depuis l’étranger.

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