Réflexions : Acheter ou louer, quelle est la meilleure solution pour moi?

Par Iman Sheikh25 avril 2022

Vu les prix exorbitants sur le marché immobilier de Toronto et la flambée du coût de la vie, l'accession à la propriété ne convient pas à tout le monde.

Après la mort et les impôts, les prix astronomiques du logement sont-ils une nouvelle certitude? Le budget fédéral dévoilé la semaine dernière prévoit de nouvelles mesures en faveur de ceux qui veulent devenir propriétaires. Cependant, entre acheter et louer, la décision est très difficile pour bien des gens, moi compris.

Au moment où j’étais enfin prêt à dénicher un appartement en copropriété, la pandémie avait déjà gonflé les prix de l’immobilier à des niveaux records partout au Canada. J’ai vécu deux situations particulièrement frappantes. En 2021, un autre acheteur a surpassé mon offre de 250 000 $. Et plus tôt cette année, croyant faire preuve d’audace, j’ai proposé 15 000 $ de plus que le prix demandé. C’était quand même 50 000 $ en dessous de l’offre gagnante.

Mon épargne sera-t-elle un jour suffisante pour que je puisse accéder au marché?

Selon l’ACI, le prix moyen des propriétés s’établissait à 816 720 $ en février 2022 à l’échelle nationale. En Ontario, il était de 1 086 493 $, ce qui représente un bond incroyable de 25,8 % sur un an. Dans la région du Grand Toronto où j’habite, les prix ont grimpé de 36 % en seulement un an et la moyenne est actuellement de 1,34 million de dollars.

Bon nombre d’entre nous ont été habitués à considérer l’accession à la propriété comme un jalon important, voire un premier pas vers l’âge adulte. Cependant, compte tenu de l’inflation galopante et des propriétés qui deviennent chaque jour plus inaccessibles, je me suis demandé s’il ne fallait pas changer d’attitude.

Ai-je peur de manquer une occasion?

J’ai demandé l’avis de plusieurs de mes collègues à RBC, certains propriétaires et d’autres locataires. Une directrice du marketing, qui a conclu l’achat d’une maison à Barrie, en Ontario, en mai 2021, croit que la frénésie du marché immobilier durant la pandémie vient de la peur de manquer une occasion.

« J’étais persuadée qu’il fallait absolument que j’achète maintenant, sinon je ne pourrais jamais le faire », m’a-t-elle confié

Elle explique qu’à ce moment-là, une maison isolée dans la banlieue de Toronto semblait idéale, puisque la pandémie dictait notre mode de vie et que la plupart des gens télétravaillaient. À mesure que les choses reviennent à la normale, elle n’en est plus aussi sûre.

« À mon avis, la ville commence à manquer à beaucoup de gens qui ont déménagé loin du centre, pense-t-elle. J’en fais partie. Il m’arrive parfois de regretter ma décision. »

En fait, ce sentiment est mis en lumière par l’Enquête annuelle RBC sur les tendances du marché résidentiel : 59 % des répondants accordent plus d’importance à l’emplacement de leur logement qu’à sa taille.

« Heureusement, j’ai fait l’acquisition avec un membre de ma famille et nous avons parlé de mon désir de me rapprocher de la ville, dit-elle. Je peux continuer à accroître ma valeur nette immobilière et je n’ai donc pas peur de louer. »

L’accession à la propriété comme objectif personnel – à tout prix

Un autre de mes collègues, rédacteur en chef, a déménagé de Toronto lorsqu’il a acheté une maison centenaire à Hamilton, en Ontario, en septembre 2017. La propriété n’était pas en bon état ; la chaudière était antique et le plancher d’origine en pin était poncé au point qu’on voyait les clous. Pourtant, devenir propriétaire n’était pas négociable pour lui.

« J’ai toujours voulu acheter une maison, explique-t-il. Ma famille a fait faillite deux fois quand j’étais enfant et nous avons perdu notre maison. C’est un souvenir douloureux pour moi. Par la suite, nous avons habité dans des appartements. »

Comme les maisons sont maintenant hors de prix dans les villes telles que Toronto, il a décidé de rester dans la ville portuaire de l’ouest. Lorsqu’il doit se rendre au bureau, il fait l’aller-retour au centre-ville, ce qui lui prend deux heures par trajet.

Et le bonheur de manquer une occasion

Enfin, une cadre supérieure en stratégie dit qu’elle veut acheter une maison, mais qu’elle s’accommode très bien de la location en attendant.

« La location nous donne plus de souplesse pour changer d’emploi ; nous sommes plus mobiles, dit-elle. Mon conjoint et moi ne sommes pas mariés et nous n’avons pas d’enfants. C’est donc la meilleure option pour nous, car nous ne redoutons pas que les taux d’intérêt hypothécaires augmentent. Le propriétaire s’occupe de l’entretien et j’ai l’esprit tranquille. »

Le fait qu’elle n’a pas de valeur nette ne l’inquiète pas. Elle estime en effet qu’elle profite de l’argent qu’elle dépense en loyers.

« Si dans trois mois, je décide de déménager à Vancouver, ce sera possible, affirme-t-elle. Nous détenons pas mal de placements sur le marché boursier. Nous bâtissons notre patrimoine de cette façon, grâce aux CELI et aux actions. »

Si je n’achète pas, est-ce que je gaspille de l’argent en loyer?

Comme mon père me l’a dit récemment, peut-être pour essayer de me débarrasser de mon obsession, il n’est pas nécessaire d’être propriétaire pour aimer notre logement. C’est vrai, mais je n’aime pas cette idée. Toutefois, au vu de l’inflation galopante, de la flambée des prix des logements et des possibilités d’épargne réduites peut-être est-il temps d’envisager sérieusement d’autres moyens que l’immobilier pour bâtir son patrimoine. La location est une dépense prévisible : vous payez votre loyer et, souvent, les services publics. Par conséquent, l’épargne que je destinais à une mise de fonds peut être investie ailleurs, par exemple, dans mon CELI. Ma valeur nette n’augmentera pas de 20 % à 30 % par an, comme ce serait le cas si j’étais propriétaire, mais je n’aurais pas à m’inquiéter de la hausse des taux hypothécaires, des taxes foncières, des frais d’entretien ou des primes d’assurance. Comme le dit un de mes collègues qui lit beaucoup de livres sur les placements, les experts considèrent une propriété immobilière comme un passif et non comme un actif. Au lieu de vous rapporter de l’argent, elle en coûte jusqu’au jour où vous la vendez.

En fait, tout dépend de vos objectifs personnels. Je connais des propriétaires qui n’ont pas de liquidités et qui semblent parfaitement heureux. À vous de décider à quoi ressemble la liberté financière et la meilleure façon d’y arriver.

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