Il est difficile de parler de Stewart Butterfield sans mentionner son ascension peu orthodoxe vers les sommets du secteur technologique.

L’entrepreneur canadien a passé sa petite enfance sans accès à l’électricité, a appris tout seul la programmation, puis a étudié la philosophie à Cambridge avant de faire carrière en technologie et de se mesurer à des géants comme Microsoft et Google.

Plus grande réussite commerciale de Stewart Butterfield : Slack. Slack est une plateforme de communication collaborative qui suscite un engouement rappelant les débuts de BlackBerry et qui sert à réduire le nombre de courriels transmis chaque jour dans le monde (environ 269 milliards à l’heure actuelle). En personne, Stewart Butterfield a la voix douce et l’air pensif, ce qui ne surprend pas chez quelqu’un qui a déjà songé à faire carrière en philosophie. Plus tôt cette semaine, il a participé à une séance Les innovateurs RBC, où nous avons eu l’occasion de lui parler de communication efficace, des mérites de la Silicon Valley, et de l’importance des valeurs d’entreprise. Voici ce que nous avons entre autres appris.

Un succès fortuit

Stewart Butterfield n’a pas eu dès le départ l’idée de créer Flickr et Slack, qui sont plutôt des sous-produits de ses efforts visant à créer des jeux Web multijoueurs. Son projet de jeux n’allait nulle part, mais en tentant de créer des univers imaginaires partagés, il a finalement conçu le logiciel de partage de photos qui a donné naissance à Flickr, puis l’outil de clavardage qui est devenu Slack.

Même s’il avait le sentiment que Slack avait du potentiel, Stewart Butterfield ne croyait pas au départ que sa plateforme conviendrait aux grandes organisations. Aujourd’hui, neuf millions de personnes utilisent la plateforme Slack, dont IBM et Oracle – parmi ses plus gros clients. Malgré la surprise qu’a causée ce succès, le développement de l’entreprise actuelle – qui fait maintenant concurrence à la puissante Microsoft – n’est pas le fruit du hasard, précise son fondateur. « Ça demande beaucoup de travail. »

Un antidote contre les courriels

Stewart Butterfield a maintenant de grandes ambitions. Il veut transformer fondamentalement la façon de collaborer des gens, que ce soit à IBM ou dans de plus petites entreprises. Son arme : Slack, une solution de rechange au courriel, qu’il considère comme un très mauvais outil de communication interne. Pour illustrer son propos, Stewart Butterfield donne l’exemple du nouvel employé qui fait face à une boîte de réception vide à son entrée en poste. Si cet employé entre au service d’une organisation qui utilise Slack, il a tout de suite accès à tout le travail déjà accompli dans le cadre d’un projet donné, dès son premier jour d’emploi.

Dans une entreprise moyenne comptant 1 000 employés, on transmet environ 40 000 courriels par jour ; il n’est donc pas surprenant que Slack compte une grande communauté d’adeptes.

Selon Stewart Butterfield, le plus grand avantage de Slack est de procurer rapidement un niveau élevé de transparence dans l’ensemble d’une organisation. Ainsi, tous ont accès à la même information claire, ce qui favorise l’efficacité.

La Silicon Valley a toujours la cote

Pendant la séance Les innovateurs, Stewart Butterfield a répété qu’il est un patriote canadien et qu’il croit que le Canada a tout le talent nécessaire – ingénieurs, concepteurs, spécialistes du marketing – pour pourvoir en personnel les entreprises canadiennes en démarrage.

Alors, s’il avait le choix, pourquoi lancerait-il sa prochaine entreprise dans la Silicon Valley ? Sa réponse ressemble à celle de bien des entrepreneurs : c’est encore là qu’on trouve le plus grand bassin de spécialistes de la technologie.

Les valeurs d’entreprise comptent, tout comme l’esprit ludique

Stewart Butterfield s’est inspiré du modèle de Netflix pour définir les valeurs fondamentales de Slack. Toutefois, il voulait s’assurer que ces valeurs distinguent Slack et qu’elles rappellent aux employés à la fois la conduite à adopter et le mérite que Slack leur reconnaît. Selon lui, toute entreprise devrait réfléchir soigneusement à ses valeurs et expliquer à ses employés et à ses clients en quoi ces valeurs sont distinctives.

Les valeurs de Slack sont entre autres la courtoisie, l’esprit ludique et le savoir-faire. Pour Stewart Butterfield, la courtoisie, c’est savoir se mettre à la place du client et se montrer toujours soucieux de comprendre ses besoins. En mettant l’accent sur l’esprit ludique, il veut que ses employés observent le monde d’un point de vue différent, afin de trouver des solutions créatives aux problèmes. Le savoir-faire, c’est plus que le souci du travail bien fait ; pour Slack, c’est la façon d’exprimer le sens et la valeur du travail de chaque employé.

La Chine est exclue ; partout ailleurs, tout est possible

Beaucoup d’entreprises technologiques veulent profiter de l’immense et lucratif marché de la Chine, mais ce n’est pas le cas de Slack. Stewart Butterfield explique que son entreprise n’est pas prête à donner à Beijing accès à ses données stratégiques. Toutefois, il cible les quelque 600 millions de travailleurs du savoir qui œuvrent hors de la Chine. C’est pourquoi il offre la plateforme Slack en diverses langues, en s’assurant de répondre aux exigences sectorielles et réglementaires particulières.
 

John Stackhouse est un auteur à succès et l’un des grands spécialistes en matière d’innovation et de perturbations économiques au Canada. À titre de premier vice-président, Bureau du chef de la direction, il dirige la recherche et exerce un leadership avisé concernant les changements économiques, technologiques et sociaux. Auparavant, il a été rédacteur en chef du Globe and Mail et éditeur du cahier « Report on Business. » Il est agrégé supérieur de l’institut C.D. Howe et de la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto, en plus de siéger aux conseils d’administration de l’Université Queen’s, de la Fondation Aga Khan Canada et de la Literary Review of Canada. Dans son dernier livre, « Planet Canada: How Our Expats Are Shaping the Future », il aborde la ressource inexploitée que représentent les millions de Canadiens qui ne vivent pas ici, mais qui exercent leur influence depuis l’étranger.

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