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RBC
Basée à New York, Los Angeles et Toronto, Fae Pictures lutte contre le manque de films et d'émissions mettant en scène des personnes queer, trans et NAPC**. « Notre mission : décoloniser Hollywood », lance Shant Joshi, qui se sert du contenu pour unifier une société en proie aux divisions.

Shant Joshi a lancé Fae Pictures en 2017, alors que la fracture sociale commençait à s’approfondir en Amérique du Nord. « J’ai senti que nous avions besoin d’histoires qui nous rassemblent », expliquait-il lors d’un entretien récent. En créant du contenu pour, par et sur les communautés QTNAPC+, Joshi vise à développer des liens et de l’empathie.

Ayant signé 15 courts métrages lorsqu’il était étudiant, Joshi a démarré l’entreprise à peine sorti de l’école de cinéma, et il s’est rapidement mis au travail. Épaulé par l’équipe de Fae, il a rapidement constitué un solide catalogue d’œuvres. « Lorsque nous avons sympathisé et avons réalisé que nous avions les mêmes buts, le volume des projets a augmenté. Nous sommes aussi une très jeune entreprise qui souhaite grandir : mon équipe et moi nous sommes unis autour de l’idée de Fae, ce qui a contribué à propulser nos carrières respectives. »

L’entreprise a vraiment amorcé sa croissance en 2020, et, bien que la pandémie ait fragilisé l’industrie cinématographique, les fonds d’aide disponibles ont permis à Fae d’obtenir un financement de démarrage, puis de se développer. Aujourd’hui, dans un contexte d’inflation et de récession qui gonfle les frais indirects et fait chuter les recettes de l’ensemble du secteur, la croissance est un peu plus difficile. Mais Joshi a un plan.

Perspectives de croissance

Fae Pictures dégage des revenus de plusieurs façons. Un bon nombre de courts métrages ont été vendus à CBC Gem, et l’équipe est toujours à la recherche de nouveaux moyens de rentabiliser ses films par le circuit des festivals. « La distribution des festivals est ce qui nous a rapporté le plus jusqu’à présent », précise Joshi, en expliquant que, comme de nombreux festivals sont financés par des subventions, le soutien de donateurs et les commandites, cette source de revenus ne s’est pas tarie.

« Le nombre de réservations reste plutôt satisfaisant, surtout si on sort un film de premier plan pour un festival, explique-t-il. Notre film Framing Agnes a été présenté en avant-première à Sundance et a remporté deux prix. Notre prochain film, In Flames, sera présenté en avant-première à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, et notre série de courts métrages a été projetée en avant-première à Canneseries. » Les autres sources de revenus comprennent la télévision payante et le contenu éducatif. « Il s’agit de trouver comment distribuer sur de multiples canaux sans perdre d’argent sur aucun », explique Joshi.

Le climat économique actuel et la frilosité grandissante de l’industrie ont poussé Joshi et son équipe à se lancer dans la distribution. « La production implique de convaincre sans cesse des personnes en position de pouvoir que votre histoire en vaut la peine, mais aussi qu’elle sera aimée, regardée et achetée par le public. »

Bien que l’on constate un appétit croissant pour les contenus produits par et sur les minorités marginalisées, Fae Pictures se heurte encore à des obstacles dans certaines salles. « Personne n’ose lancer des tendances à l’heure actuelle, résume Joshi. C’est moins risqué pour les décideurs de suivre les goûts bien établis que de faire un mauvais choix. L’un des objectifs que nous nous sommes fixés en nous lançant dans la distribution est d’être des créateurs de tendances et d’inventer de nouvelles façons d’appréhender le cinéma et la télévision. »

La baisse des prix d’acquisition contribue à faire de cette période un moment propice pour se lancer dans la distribution. « Ce pourrait être un moyen de générer d’autres revenus et d’avoir une relation plus directe avec le public », déclare Joshi.

Tirer parti du programme de financement des producteurs émergents NAPC

Le programme de financement des producteurs émergents NAPC de RBC est conçu pour permettre aux producteurs non établis de la communauté NAPC – comme Shant Joshi – d’avoir accès au financement et à d’autres formes d’aide indispensables.

Joshi et son équipe se sont appuyés sur ce programme pour réaliser leur dernier film, Queen Tut, qui raconte l’histoire d’un immigrant égyptien nouvellement arrivé qui se lie d’amitié avec une mère drag et explore sa propre identité queer tout en se battant pour sauver une discothèque de drag queens.

« Le programme de financement des producteurs émergents NAPC était notre premier prêt bancaire, explique Joshi. En tant qu’entreprise en pleine croissance, nous avons encore peu d’actifs et nos bénéfices ne sont pas très impressionnants. Ce programme permet d’outrepasser ces critères pour soutenir la communauté, appuyer le projet et lui donner les moyens de réussir. Si nous n’étions pas passés par ce programme, un emprunt nous aurait sans doute coûté plus cher, nous aurions peut-être dû trouver d’autres chemins ou carrément solliciter nos amis et notre famille. »

C’est Margaret Lewis, directrice de comptes commerciaux dans l’équipe Médias et divertissements de RBC et cocréatrice du programme de financement des producteurs émergents NAPC, qui a pris contact avec Joshi pour lui parler du programme.

« J’ai d’abord contacté Shant en 2021 pour en savoir plus sur lui et sur Fae, parce que leur objectif de décoloniser Hollywood, étayé par leur liste de projets de grande qualité, m’avait clairement interpellée, raconte-t-elle. Il était clair pour moi, à l’époque comme aujourd’hui, que Shant et son équipe deviendraient à court terme des modèles de création au Canada. Je savais donc que le programme nous permettrait de proposer non seulement une solution de financement pour sa production à venir, mais aussi d’exploiter les ressources et les réseaux de nos Services commerciaux pour contribuer à la croissance de l’entreprise. »

La production de Queen Tut touche à sa fin, et le film a été sélectionné sur la scène internationale et projeté à Cannes pour attirer les acheteurs. En attendant, Fae Pictures continue de produire des courts et longs métrages, des contenus éducatifs et des séries télévisées pour accomplir sa mission de promouvoir l’empathie et la tolérance, d’établir des liens entre les humains, et d’améliorer la représentation des communautés QTNAPC+ dans l’industrie cinématographique, à Hollywood, au Canada et partout ailleurs.

* Le terme QTNAPC+, qui désigne les personnes trans et queer, les Noirs, les Autochtones et les personnes de couleur, est utilisé dans le présent article. ** Le terme NAPC, qui signifie « Noir, Autochtone ou personne de couleur », est également utilisé dans le présent article. Ce terme reconnaît les antécédents de racisme que les Noirs et les Autochtones ont vécus. Le terme NAPC ne se veut pas universel, RBC reconnaissant que les personnes ne sont pas toutes victimes de racisme de la même façon.