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RBC
À l'Université de Waterloo, la voiture autonome surnommée l'Autonomoose est déjà une réalité.

Lors de la première série d’essais, un humain était installé derrière le volant de ce modèle fondé sur la Lincoln MKZ, juste au cas où les choses ne se passeraient pas comme prévu.

On s’attend cependant à ce que l’Autonomoose passe rapidement de l’essai de Phase 1 à l’essai de Phase 3, lorsque l’humain dans la voiture pourra sans risque se concentrer sur autre chose que la route. Ultimement, l’Autonomoose atteindra la Phase 4, quand ses passagers ou son chargement pourront être transportés en toute sécurité sans intervention humaine.

Bienvenue dans le monde du transport autonome sécuritaire. Les véhicules autonomes existent bel et bien – et pas seulement dans un dessin animé du samedi matin. Les chercheurs de l’Université de Waterloo mettent au point des dispositifs de sécurité dans le logiciel qui permet au véhicule autonome de détecter les autres véhicules, les panneaux d’arrêt et les feux de circulation. La voiture sera aussi dotée de capteurs radars, sonars et optiques, et d’une puissance informatique capable d’utiliser efficacement les données ainsi recueillies.

Les problèmes de sécurité les plus importants de ces véhicules ne sont pas liés à la technologie elle-même, précisent les chercheurs. Ils concernent plutôt l’infrastructure et la cartographie routières et autoroutières. Comme la voiture autonome doit savoir où se diriger, il lui faut une carte d’une très haute précision et des voies de circulation prévisibles. Aux États-Unis, la National Highway Transportation Administration a publié en septembre 2016 une politique sur les véhicules automatisés qui visait à orienter dans un même sens les politiques des États en matière de sécurité routière, afin d’assurer la cohérence des modifications routières dans l’ensemble du pays. Il est probable que ces politiques auront également une incidence sur ce qui se passe au Canada.

La sécurité est l’un des principaux arguments de vente des véhicules autonomes, selon Barrie Kirk, directeur général du Canadian Automated Vehicles Centre of Excellence (CAVCOE), un organisme sans but lucratif dont le mandat est d’aider les secteurs public et privé à préparer l’arrivée des véhicules automatisés.

M. Kirk explique que le plus grand risque de voyager dans une voiture traditionnelle est la possibilité que son conducteur – ou un autre conducteur – prenne une mauvaise décision : aller trop vite, trop lentement, zigzaguer, être distrait, conduire en état d’ébriété ou s’endormir au volant, parmi d’autres exemples. Les ordinateurs ne présentent pas ces failles humaines. C’est pourquoi à plus long terme, souligne M. Kirk, les véhicules autonomes pourraient devenir une solution de rechange beaucoup plus sûre.

Au Canada seulement, les accidents de la route sont une cause majeure de décès. Pour citer un rapport présenté par M. Kirk l’an dernier au Gouvernement du Canada, « les collisions tuent actuellement environ 2 000 personnes au Canada chaque année ». Nous espérons et croyons que les véhicules autonomes réussiront à prévenir plus de 80 pour cent des collisions routières, et des blessures et décès qui s’ensuivent. »

Les véhicules autonomes auront aussi l’avantage, explique M. Kirk, d’accorder la priorité aux piétons, surtout à des moments précis de la journée, ce qui leur assurera une sécurité accrue. Si les gens se sentent en sécurité, il y a une plus forte probabilité qu’ils décident de marcher, et « nous savons que la marche favorise la santé et le bien-être », nous dit le rapport.

M. Kirk signale également qu’environ 80 pour cent des ressources des salles d’urgence des hôpitaux sont affectées aux soins des victimes des accidents de la route. « Si nous pouvions prévenir 80 pour cent de ces collisions, la charge de travail des hôpitaux et des services d’urgence s’en trouverait considérablement réduite », explique-t-il.

Certains sceptiques craignent que les véhicules autonomes deviennent la cible de pirates informatiques qui mettraient en péril la vie des passagers. Le service de recherche de Morgan Stanley s’est penché sur cette menace éventuelle et a conclu qu’il serait difficile, mais pas impossible, de pirater une voiture sans connexion de fils. Jusqu’à maintenant, les cas de piratage de voitures ont exigé une intervention physique – la connexion de fils de l’ordinateur d’un pirate informatique à l’intérieur de la voiture au système de diagnostic de bord. « Le risque qu’une telle situation se produise est comparable au risque qu’un cambrioleur vous pointe un revolver sur la tempe depuis le siège arrière de votre voiture », conclut le rapport de Morgan Stanley.

La firme signale que les concepteurs des véhicules autonomes se sont néanmoins saisis de cette question et explorent les moyens d’y faire face.

Morgan Stanley voit un risque de sécurité encore plus important survenir au cours de la prochaine décennie ou deux qu’il faudra pour retirer de la circulation la majorité des voitures avec conducteur. Sur une planète où circulent plus d’un milliard de véhicules traditionnels, convaincre les gens d’acheter des voitures autonomes est un sérieux problème, préviennent les chercheurs. Ils mettent en garde contre ce cocktail toxique de véhicules autonomes et traditionnels partageant les routes à contrecœur, susceptible de causer une forte augmentation du nombre d’accidents.

L’une des solutions proposées, qui contenterait même le client le plus réfractaire au transport autonome, est d’obtenir qu’une partie quelconque – le gouvernement ou des constructeurs automobiles – paie les gens pour abandonner leurs voitures conventionnelles en faveur de voitures autonomes. Morgan Stanley prédit que « le temps requis pour obtenir une pleine acceptation serait ainsi réduit de moitié. »

Il y a fort à parier que cela fonctionnerait.