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RBC
Le 6e Forum entrepreneurial RBC-Schulich : Le groupe a répondu à des questions incisives sur les tendances de 2020, les occasions pour les PME canadiennes et les risques à écarter – mais aussi à prendre – pour mieux réussir.

La Schulich School of Business est considérée comme l’une des meilleures écoles de commerce du monde et participe depuis longtemps au secteur du commerce mondial. Créé en 2013, le Centre for Global Enterprise de la Schulich School of Business a pour mandat de favoriser la réussite internationale des petites et moyennes entreprises du Canada. Le forum annuel a pour sa part été instauré afin que puisse s’exercer un leadership avisé sur des enjeux pertinents. RBC est membre fondateur du centre et commanditaire du forum.


« Pendant que certaines entreprises en difficulté faisaient les manchettes, d’autres, plus résilientes et audacieuses, ont su tirer leur épingle du jeu et amorcer un nouveau cycle de croissance qui profitera à l’ensemble de l’économie canadienne, a dit Sue Noble, directrice générale principale, Segments clientèle, Services financiers à l’entreprise, RBC, au début du forum. Les entreprises ont maintenant plus que jamais l’occasion de revoir leurs stratégies. »

Le groupe était animé par Lynette Gillen, vice-présidente, Commerce international, RBC Banque Royale, Bruce Archibald, directeur général, Ontario Global 100, Deans Graeme, expert-conseil, Stratégie et exploitation, EY-Parthenon, Dawn Desjardins, vice-présidente et économiste en chef déléguée, RBC Banque Royale, et Andrew Leslie, ancien chef d’état-major de l’Armée canadienne.

Que peuvent faire les entreprises canadiennes pour saisir les occasions offertes par la mondialisation ?

Q. : L’année 2020 a été marquée par une véritable accélération de plusieurs tendances qui ont dynamisé certains secteurs d’activité, mais qui ont nui à d’autres. Si ces tendances représentent l’avenir, que devraient faire les entreprises canadiennes pour en tirer profit ?

Selon Graeme Deans, deux tendances qui se dégageaient avant 2020 ont connu une accélération rapide cette année : l’énergie propre et la numérisation. « L’énergie propre est aujourd’hui un des plus importants pôles d’investissement », a souligné M. Deans, qui estime que l’élection de Joe Biden accélérera encore davantage la tendance. Parallèlement, en raison de la pandémie, la numérisation rapide des affaires s’est étendue aux entreprises de tous les secteurs et de toutes les tailles. « Les PME du Canada ont fait preuve d’une grande résilience dans l’adoption de ces technologies, et elles continueront de le faire », a ajouté M. Deans.

Andrew Leslie estime quant à lui que le Canada est déjà bien placé pour réussir, car le pays est présent dans les secteurs clés et offre des produits agricoles de premier ordre en demande croissante dans le monde entier. « La question est maintenant de savoir si nous avons la capacité, l’énergie et la volonté collective de nous détourner de notre principal partenaire commercial, les États-Unis, et de saisir les occasions à l’étranger, a-t-il soulevé en expliquant que les entreprises ont vu à quel point il était risqué de placer tous leurs œufs dans le même panier. L’avenir est à la fois source d’occasions et de dangers, a-t-il poursuivi. Je crois que le Canada est en bonne posture, mais il doit s’adapter. Nous ne pouvons rester figés dans le temps. »

Q. : Quelles seront les répercussions des tendances de 2020 sur l’économie du Canada ?

Dawn Desjardins a expliqué que les petites entreprises ont dû manœuvrer rapidement pour créer des plateformes de commerce électronique. Elle croit en outre que le télétravail est là pour rester. « 15 % des entreprises croient que leurs employés travailleront principalement à distance après la pandémie, a mentionné Mme Desjardins. Alors que 45 % des employés ont dit qu’ils aimeraient se rendre au bureau à raison de deux à trois jours par semaine. Les entreprises devront tenir compte de ces préférences une fois la pandémie terminée. »

Mme Desjardins a poursuivi en disant que les achats n’étaient pas forcément en baisse, ce sont les habitudes d’achat qui changent. « Les consommateurs canadiens ont dépensé plus en juillet de cette année qu’à pareille date l’an dernier. Ils ont dépensé différemment : par exemple, au lieu de voyager, ils ont aménagé leur cour. »

Q. : Comment les entreprises réagissent-elles à la conjoncture commerciale mondiale ?

Bruce Archibald représente les PME du réseau Ontario Global 100. Selon lui, le monde est nettement plus accessible aujourd’hui. « En ce moment, il est beaucoup plus facile pour les entreprises de rejoindre les clients, les prospects et les consommateurs du monde entier sans même quitter le pays. Si, auparavant, une présentation en personne était de mise, ce n’est plus nécessairement le cas maintenant. »

Les entreprises ont désormais accès à des marchés qu’elles avaient jusqu’alors ignorés. Il y a moins de frontières, et les gens sont prêts à recevoir des biens de différentes régions du monde.

Q. : Considérant que 70 % de nos échanges commerciaux se font avec les États-Unis, quel serait l’effet d’une intensification de la propagation de la COVID-19 aux É.-U. et du ralentissement de son économie sur les entreprises canadiennes ?

M. Deans croit que les gouvernements des deux côtés de la frontière feront tout ce qui est en leur pouvoir pour s’assurer que le commerce se poursuive, ce qui indique un fort désir d’éviter une paralysie massive de l’économie. Il demeure toutefois important d’élaborer des plans d’urgence pour toutes sortes de scénarios, particulièrement en ce qui a trait à la chaîne d’approvisionnement et au mouvement des marchandises. « Certaines entreprises canadiennes ouvrent des installations aux États-Unis, pour le stockage ou la fabrication par exemple, afin de pouvoir faire face à un resserrement de la frontière ou aux politiques américaines tout en conservant une forte présence au Canada. »

Q. : Quelles seront les répercussions de la COVID-19 sur l’économie américaine pour les entreprises canadiennes ?

Mme Desjardins croit que la croissance économique des États-Unis sera plus lente cet automne que l’été dernier. Elle prévoit en outre un premier trimestre 2021 difficile, car le retour à l’emploi ne se fait pas aussi rapidement qu’au Canada. « Comme la vaccination devrait aller bon train dans la deuxième moitié de l’année, la confiance des gens et des entreprises sera à l’avenant. Nous assisterons à un raffermissement de l’économie américaine dans la deuxième moitié de l’année prochaine. »

Q. : Compte tenu de la situation actuelle aux États-Unis, les entreprises canadiennes devraient-elles, à court terme, se projeter au-delà de l’Amérique du Nord ?

M. Leslie a mentionné qu’il ne fallait jamais sous-estimer le pouvoir du peuple américain et de son économie. Les Américains traversent actuellement un dur moment, mais ce n’est que temporaire. Avec l’élection de Biden, M. Leslie s’attend à ce que la confiance des investisseurs à l’égard de l’économie américaine revienne. « Biden est connu pour son respect de la primauté du droit, son approche pondérée et son esprit d’équipe. Ces qualités auront un effet certain sur la confiance des investisseurs. Plusieurs billions de dollars attendent d’être investis, notamment aux États-Unis. Le Canada, à son tour, continuera de récolter les fruits de sa démarche pour assurer sa prospérité à court terme par les États-Unis. Nous ne devons cependant pas oublier les risques d’une concentration excessive dans des économies où une ou deux personnes peuvent faire une grande différence dans le système des échanges commerciaux. »

M. Leslie a souligné une fois de plus la nécessité pour les entreprises canadiennes de dépasser les frontières de l’Amérique du Nord. Elles ne doivent pas hésiter à se lancer à la conquête des marchés mondiaux.

Q. : Les entreprises ne sont pas toutes en mesure de changer rapidement leur modèle d’affaires. De quelle façon une moyenne entreprise peut-elle aborder une occasion de fusion qui lui permettrait de se réorienter rapidement ?

M. Deans a expliqué à quel point il était difficile pour une PME de chercher des acquéreurs potentiels à partir de zéro. Les plus petites entreprises doivent compter sur leurs réseaux et leurs conseillers pour trouver de telles occasions. « Recueillez des idées de vos pairs et fournisseurs, et n’oubliez pas que vous pouvez compter sur votre conseil d’administration ou votre conseil consultatif pour vous présenter des occasions. Dites-leur ce que vous voulez tirer d’une acquisition et trouvez des candidats intéressants qui attirent peu d’attention de la part des grandes sociétés de capital-investissement. »

Q. : Les tensions entre les États-Unis et la Chine sont vives. Que peuvent faire les entreprises canadiennes prises entre ces deux puissances, qui utilisent des sanctions économiques pour atteindre leurs objectifs politiques ?

M. Deans a admis que c’est actuellement un moment de grande tension. « Le Canada n’a cependant d’autre choix que de maintenir une bonne relation avec les États-Unis, a-t-il dit. Le pays saura toutefois jouer sur l’échiquier mondial avec de bons produits, a-t-il dit, en faisant allusion aux sociétés BlackBerry (au sommet de sa popularité) et Second Cup, qui ont explosé hors de l’Amérique du Nord. S’il veut réussir en Chine, le Canada doit se concentrer sur des secteurs particuliers », a-t-il expliqué, citant l’agriculture et le pétrole comme de solides produits d’exportation.

Q. : Pour transiger à l’extérieur du Canada, il devient de plus en plus important de maîtriser les plateformes en ligne et le commerce électronique. Or, les PME éprouvent encore des difficultés à optimiser leur présence sur le Web. Que pouvons-nous faire pour aider les entreprises canadiennes à cet égard ?

M. Archibald a expliqué que le plus grand obstacle à la croissance est la capacité d’attirer et de conserver des talents spécialisés dans un domaine particulier. « Quand, partout dans le monde, l’utilisation du numérique grimpe en flèche, la demande pour les travailleurs dotés de compétences numériques explose. Malheureusement, il n’existe aucune solution à court terme. L’industrie peut cependant collaborer avec les institutions pour alimenter le pipeline de talents le plus vite possible. »

Q. : Comment pouvons-nous soutenir les entrepreneurs ?

Selon Mme Desjardins, la meilleure façon de soutenir les entrepreneurs est de les mettre en contact avec d’autres chefs d’entreprise qui ont déjà traversé des périodes difficiles. « Le partage d’expériences n’a pas toujours fait partie de notre culture, a-t-elle mentionné. Mais ce que la COVID-19 nous a appris, c’est la nécessité d’apprendre les uns des autres et de nous entraider. Les PDG des entreprises prospères sont prêts à partager leurs connaissances. »

M. Deans a ajouté que les chefs d’entreprise et les éducateurs doivent encourager les entrepreneurs, les étudiants et les propriétaires d’entreprise à prendre des risques et à apprendre à les gérer plutôt qu’à les éviter à tout prix. « Il est temps de sortir de notre zone de confort », a-t-il souligné.

Les occasions ne se trouvent pas qu’au-delà de nos frontières, elles se trouvent aussi hors des sentiers battus. L’essentiel, comme Andrew Leslie l’a dit, est d’avoir la volonté de s’élancer.