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RBC
Le transport de marchandises à l'échelle mondiale a fait son entrée dans l'économie moderne. Pourtant, en 2019, un problème du 19e siècle demeure : les formalités administratives excessives.

« C’est un secteur dans lequel on retrouve énormément de paperasse », dit Karen Oldfield, présidente et directrice générale de l’Administration portuaire d’Halifax.

Chaque année, des marchandises d’une valeur de 4 billions de dollars sont transportées par voie maritime. Environ 20 % du coût de transport d’un conteneur, de son point d’origine à sa destination, représentent des frais administratifs. Si un navire entre au port sans document, son contenu n’ira nulle part.

« En cas de perte, tout est interrompu », souligne Todd Scott, vice-président de la division responsable de la chaîne de blocs pour le commerce international à IBM.

La transformation numérique du secteur du transport n’est pas un projet de TI. C’est un impératif pour les entreprises. Comme la croissance du commerce ralentit à l’échelle internationale, le temps presse de trouver des solutions efficaces. La compétitivité du Canada en dépend.

Lors de notre dernière séance Les innovateurs RBC, qui s’est déroulée à Halifax, nous avons abordé l’avenir du transport de marchandises avec Mme Oldfield et M. Scott. Ces deux leaders ont respectivement le mandat de faire du port d’Halifax le port le plus technologiquement évolué du littoral est et de contribuer à la simplification du commerce international à l’aide de la technologie de chaîne de blocs.

La prise de conscience

Le transport de marchandises est un secteur on ne peut plus traditionnel, mais on réalise qu’il faut mettre à profit la technologie pour en maintenir l’efficacité.

L’OMC estime que la réduction des obstacles dans la chaîne logistique internationale pourrait augmenter le PIB mondial de 5 % et faire croître le volume total du commerce international de 15 %.

Dans des ports d’un peu partout dans le monde, la chaîne de blocs remplace les formalités administratives complexes, ce qui permet aux diverses parties d’échanger en temps réel des documents et d’effectuer des paiements. Les grues automatisées chargent et déchargent les marchandises et déposent rapidement et efficacement les conteneurs sur des véhicules à guidage automatique au sol. Des drones et des capteurs sont intégrés aux activités quotidiennes des ports, aidant à la navigation, au contrôle de la circulation et à la sécurité – ce qui contribue à résoudre le coûteux problème de congestion. Près de 50 % des porte-conteneurs arrivent à destination 12 heures en retard, selon un récent rapport McKinsey. Cette situation entraîne des coûts en aval : les camions attendent d’être chargés et les détaillants pigent dans leurs stocks ou risquent la rupture de stock.

Pour Halifax, il est essentiel d’éliminer les retards pour garder une longueur d’avance sur New York. Mme Oldfield souligne que la Nouvelle-Écosse offre un gain de temps aux navires. En effet, les marchandises déchargées à Halifax arrivent plus vite à Chicago que si le navire s’était rendu directement à New York. Mais cela est vrai seulement si le port est rapide et efficace.

« La technologie nous aide à maximiser l’occasion qu’offre l’avantage du gain de temps », ajoute-t-elle.

Le défi du Canada

Dans ce secteur extrêmement concurrentiel, le défi du Canada consiste à gagner une plus grande part du marché du transport mondial de marchandises. Nos côtes ont beau border trois océans, mais même notre plus grand port, Vancouver, n’est pas sur la liste des 50 meilleurs ports du World Shipping Council.

À l’heure actuelle, les meneurs de la révolution du transport de marchandises sont l’Europe et l’Asie. En Chine, le port entièrement automatisé de Qingdao fonctionne en tout temps, même dans l’obscurité complète. En Norvège, le premier navire autonome dans le monde sera mis à l’eau en 2022.

La pression sur le Canada monte d’un cran, quand on pense que 80 % du transport de conteneurs est effectué par 10 transporteurs seulement. Si un géant de la technologie, comme Amazon, devait faire son entrée sur le marché, ce qui est une réelle possibilité selon M. Scott, ce nombre pourrait soudainement passer à 5.

Plus le Canada investira dans les nouvelles technologies et prendra des risques, plus le pays sera efficace, en mesure de demeurer concurrentiel et capable d’attirer ces puissants clients.

Toutefois, le secret ne se limite pas à la technologie. L’éducation et le partage d’information sont aussi des points importants.

Mme Oldfield souligne l’importance pour le Canada d’avoir un plan d’action pour la main-d’œuvre alors que le secteur du transport de marchandises fait son entrée dans l’ère numérique. À Halifax, plus de 12 000 emplois directs et indirects sont associés au port. Le défi est de mettre à niveau et de rehausser les aptitudes de l’effectif pour qu’il y ait une place pour les travailleurs d’aujourd’hui dans le port de demain.

Mme Oldfield mentionne également qu’il faudrait éliminer la tendance canadienne au régionalisme à outrance et avoir une meilleure compréhension des ressources disponibles, par exemple en établissant des liens entre la Supergrappe de l’économie océanique, à Halifax, et la Supergrappe IA, à Montréal. Travailler en collaboration, comme le font les ports d’Halifax et de Vancouver, permettrait à la nation d’avancer plus rapidement.

Les ports représentent notre lien avec le monde. À l’aube d’une nouvelle ère de mondialisation, notre prospérité future nous oblige à prendre les rênes de la transformation du transport de marchandises.

À titre de premier vice-président, Bureau du chef de la direction, John Stackhouse conseille les cadres de la haute direction sur les tendances émergentes dans l’économie canadienne et fournit des avis fondés sur ses observations au cours de ses déplacements partout au Canada et dans le monde. Ses travaux, qui mettent l’accent sur le changement technologique et l’innovation, examinent les meilleurs moyens de naviguer avec succès dans la nouvelle économie afin qu’un plus grand nombre de personnes puissent prospérer à l’ère des grandes perturbations. Avant de se joindre à l’équipe de RBC, John Stackhouse a travaillé près de 25 ans au Globe and Mail, où il a occupé les fonctions de rédacteur en chef, d’éditeur du cahier Report on Business et de correspondant à New Delhi, en Inde. Il est l’auteur de trois livres et rédige actuellement un quatrième ouvrage.