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RBC
Le partage d'histoires, une coutume autochtone ancestrale et un élément central de cette culture, est l'une des façons de préserver les traditions et de sensibiliser la population aux torts et réalités du passé. À travers les contes, les communautés et les familles peuvent entreprendre ensemble un processus de guérison.
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La plume et le tambour utilisés pour le maculage et le chant

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Viviane Sagefeeld

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Tournage

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Sauge

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Jennifer

Conscient de la nécessité de faire entendre les voix et les histoires autochtones, le National Screen Institute (NSI) offre une formation et un soutien personnalisés aux conteurs autochtones émergents dans le cadre du programme IndigiDocs. Jennifer Ille (scénariste et productrice) et Sharon Heigl (réalisatrice) se sont rencontrées grâce au programme IndigiDocs. Ensemble, elles ont créé As the Smoke Rises, un récit d’une ancienne, Viviane Rose Sandy, sur la puissance et le pouvoir de guérison de la purification par la fumée.

La création de As the Smoke Rises

Ayant toutes deux grandi dans un milieu étranger à leur culture autochtone, Jennifer Ille et Sharon Heigl souhaitaient retrouver leurs racines autochtones. Ce parcours les a menées au programme IndigiDocs et, de fil en aiguille, à la cérémonie de purification par la fumée.

« J’étais animée par le désir de renouer avec ma culture autochtone, raconte Jennifer Ille. En me renseignant sur mon héritage culturel, j’ai été frappée par l’importance que les Autochtones accordent à la purification par la fumée. En écrivant le scénario, j’ai eu l’idée d’un récit raconté par un ancien. »

Filmé sur une période de quatre jours en juin 2018 sur le territoire de la nation Nlaka’Pamux, As the Smoke Rises suit l’ancienne Viviane Rose Sandy, dont le nom traditionnel est « Femme entourée de chefs ».

Alors que Viviane parlait des difficultés qu’elle a dû surmonter et du réconfort qu’elle a trouvé dans les traditions, l’idée de Jennifer a germé. Avec le soutien du NSI, les deux femmes ont mis au point un récit à la fois personnel et touchant.

« Sharon et moi avons été renversées par l’énergie de Viviane. C’est une personne formidable qui fait preuve d’une grande patience et qui montre une réelle volonté d’apprendre et d’instruire. Grâce à elle, nous avons pu filmer le documentaire d’une manière très subtile », explique Jennifer Ille.

Le pouvoir guérisseur de la purification par la fumée

« Terre mère dégage une aura et une lumière, et tous les êtres vivants, y compris nous-mêmes, sont des sources d’énergie. Tout est en mouvement. Toute pensée négative que vous dégagez crée des trous dans votre énergie, votre aura et vous-même. La purification par la fumée permet de combler ces trous. »

– Viviane Rose Sandy, As the Smoke Rises

Viviane est née en 1949, époque durant laquelle les enfants étaient envoyés dans des pensionnats. Là-bas, elle a subi des sévices mentaux, émotionnels, physiques et spirituels. Comme toute trace de sa culture a été effacée, elle ne savait même pas prier. Passant en mode survie, elle s’est tournée vers l’alcool et la drogue. Elle a été renvoyée du pensionnat indien vers l’âge de 14 ans et, à 20 ans, elle a pensé au suicide.

À la suggestion d’un ami, Viviane a rencontré un guérisseur. Elle n’était pas retournée dans une hutte de sudation depuis l’âge de cinq ans. Elle y a appris les rudiments de la fumigation. Les remèdes naturels et les cérémonies culturelles ont aidé Viviane à faire face à son passé, à retrouver son équilibre et à reprendre des forces.

« La fumée qui s’élève est reliée à toutes les énergies. Elle monte sans fin dans les airs. Si vos intentions sont pures, vos problèmes ou préoccupations s’envoleront avec la fumée. »

– Viviane Rose Sandy, As the Smoke Rises

L’importance de la narration

Des histoires comme celle de Viviane – racontées par des femmes fortes et passionnées comme Jennifer Ille et Sharon Heigl – permettent de sensibiliser la population aux réalités autochtones et de préciser les choses, en particulier pour les jeunes Autochtones. Sharon Heigl espère que les jeunes regarderont le film et s’y retrouveront.

« On assiste à une résurgence vigoureuse dans les communautés autochtones de jeunes qui prennent contact avec les anciens », dit-elle.

Dans le film, Viviane porte à notre attention que les jeunes souffrent, qu’ils cherchent leur identité et leur raison d’être : « Si nous prenons les devants et montrons une volonté à partager ces cérémonies sacrées, nous pourrons peut-être alors mieux comprendre l’origine de nos dépendances et traumatismes. Les jeunes veulent apprendre. Ils veulent que nous leur enseignions les anciennes coutumes. »

Par ailleurs, les histoires qui portent sur le système des pensionnats peuvent aider des générations de peuples autochtones à composer avec leur passé, à trouver des moyens de guérir et à aller de l’avant. Ces histoires peuvent aussi contribuer à sensibiliser l’ensemble de la population canadienne à l’histoire autochtone, à honorer les survivants du système des pensionnats, à rendre hommage aux disparus et à amorcer une réconciliation.

Le succès de As the Smoke Rises

Le court-métrage As the Smoke Rises a été sélectionné à la première édition du Cannes International Independent Film Festival (CIIFF), ainsi que dans des festivals au Royaume-Uni et au Canada. « La réponse du public est vraiment formidable, et des gens de partout s’identifient au film », dit Jennifer Ille.

Quand on lui demande pourquoi tant de gens se sentent interpellés par le film, elle souligne la pertinence du sujet.

« Chacun d’entre nous, à un moment ou à un autre, connaît des difficultés. Je crois que nous avons, en nous, le pouvoir de vaincre ces difficultés. L’histoire de Viviane en est une bouleversante. Elle a tant lutté. Mais je crois que tout le monde peut comprendre la démarche menant à la réconciliation et au retour sur le droit chemin », explique Mme Ille.

Sharon Heigl ajoute qu’elle est extrêmement fière que les gens parlent du film. « Auparavant, on tuait des gens qui osaient parler de cette réalité, rappelle-t-elle. Maintenant, les gens paient pour regarder ce film. »

As The Smoke Rises poursuit sa tournée des festivals. Pour voir la bande-annonce, cliquez ici.

RBC estime que les voix et les histoires des Autochtones doivent être entendues, et s’engage à présenter les récits portant sur le réseau des pensionnats et le parcours collectif de réconciliation. Notre rapport de partenariat annuel, Un chemin tracé, souligne les réussites des Autochtones et affirme notre engagement envers ces derniers.

Le NSI appuie de manière formidable les conteurs autochtones. C’est pourquoi nous soutenons le programme IndigiDocs du NSI depuis six ans maintenant.