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Alyssa Furtado, Steve Hubbard et Bryan Watson au Small Business Summit du Globe and Mail. PHOTO : Glenn Lowson

Alyssa Furtado a exploité Ratehub Inc, un site Web sur les finances personnelles, depuis son domicile pendant les cinq premières années suivant sa création. Elle pouvait ainsi contenir les coûts d’exploitation de son entreprise, mais ayant embauché jusqu’à 13 employés au fil du temps, il devenait de plus en plus difficile de fonctionner à partir du sous-sol de sa maison. Un jeune voisin âgé de sept ans, voyant un jour toutes ces personnes quitter en même temps la maison pour aller dîner, s’était même exclamé : « Wow ! Vous habitez avec beaucoup de gens. »

C’est surtout par naïveté que Mme Furtado n’a pas tenté d’obtenir du financement dès le départ. Elle n’avait pas d’antécédents technologiques et ne savait pas ce qu’était le capital-risque. « C’était de la pure ignorance », dit-elle.

Bien qu’elle estime que l’autofinancement de son entreprise a contribué à son succès à long terme, Mme Furtado, tout comme les autres participants au Small Business Summit du Globe and Mail, convient qu’il ne présente pas que des avantages.

Les avantages

Vous utilisez un minimum de ressources. Selon Mme Furtado, le principal avantage de l’autofinancement, du moins au début, est qu’il oblige à établir des bases très solides. « Vous devez faire preuve de créativité dans l’acquisition de clientèle et de prudence dans la gestion des dépenses. »

Elle est devenue habile à demander des prêts et des subventions gouvernementales, notamment, et a sous-traité à bon prix la construction de son premier site Web. L’avantage de la sous-traitance, « c’est qu’elle permet de mettre à l’essai d’éventuels employés », dit-elle.

Mme Furtado a aussi trouvé des façons d’établir sa marque sans avoir à dépenser un sou. « Nous nous sommes efforcés de tirer parti des nouvelles dans les médias, dit-elle. Par exemple, si la Banque du Canada augmentait ses taux, nous exécutions des calculs que les journalistes pouvaient utiliser pour en présenter l’incidence concrète sur les paiements du Canadien moyen. »

Steve Hubbard, cofondateur de Lightenco, et son partenaire ont autofinancé leur entreprise de solutions d’éclairage durables d’Ottawa. Même si l’entreprise a été lancée en 2011, « nous n’avons établi un budget de marketing que l’an dernier », explique-t-il.

Son partenaire et lui-même faisaient plutôt du marketing de style « ninja », ciblant de façon stratégique des entreprises locales bien connues et misant sur leur approbation pour se faire connaître. « Nous recherchions la crèmerie la plus populaire ou le restaurant le plus connu, dit M. Hubbard, et nous obtenions de l’établissement qu’il recommande nos services. »

M. Hubbard a aussi utilisé un espace de travail partagé pour réduire les coûts et créer des liens, et a demandé conseils et mentorat à des organisations comme Futurpreneur.

Vous êtes incontestablement aux commandes. « Lorsque vous financez vous-même votre entreprise, explique Bryan Watson, partenaire de Flow Ventures, une entreprise de services-conseils et de projets d’entreprise de Toronto, vous êtes maître de votre propre destinée. Vous avez la liberté de manœuvrer à votre guise et de développer vos affaires comme vous le souhaitez. »

Mme Furtado se souvient d’un conseiller qui l’incitait à faire de la publicité par courriel et sur Facebook. « Mais nous voulions d’abord nous assurer de figurer parmi les premiers résultats sur Google à la recherche des mots “finances personnelles », dit-elle. Nous étions seulement deux à cette époque, et j’étais persuadée qu’il ne s’agissait pas de la voie à suivre. Nous devions, selon moi, viser juste et devenir les meilleurs qui soient dans notre domaine. »

Heureusement, rien ne l’obligeait à suivre ce conseil. Si cette personne avait été un important investisseur de l’entreprise, il aurait pu en être autrement. « Une fois que vous avez convaincu quelqu’un d’investir dans votre entreprise, explique M. Watson, vous devez protéger son argent, de sorte que vous perdez un peu de contrôle sur la direction de l’entreprise »

Les inconvénients

Vous ne profitez pas du savoir-faire de personnes dont les intérêts propres sont en jeu. M. Watson estime donc qu’il peut y avoir des avantages à avoir recours à un investisseur qui, outre des capitaux, fera bénéficier l’entreprise de son réseau et de ses points de vue. « Il ne faut cependant pas perdre de vue qu’il s’agit d’une relation. Vous devez donc vous assurer que c’est le partenaire qui vous convient, dit-il. Prenez le temps de bien le choisir. »

Vous êtes contraint de prendre des risques supplémentaires. « Notre investissement initial reposait sur une éventuelle commande de produits de l’étranger qui pouvait ou non se concrétiser, explique M. Hubbard. C’était risqué. » Les entrepreneurs qui choisissent la voie de l’autofinancement ont tendance à réinvestir la majorité de leurs gains dans l’entreprise, de sorte que c’est l’intégralité de leurs avoir financiers personnels qui sont à risque. À un certain point, ils vont chercher à atténuer les risques en vendant une participation dans leur entreprise à un investisseur externe.

Vous pourriez ne pas connaître une croissance aussi rapide. RateHub a récemment obtenu des capitaux externes après sept années d’autofinancement. Pourquoi ? « Nous avions découvert par hasard des occasions d’affaires liées aux comparaisons de protections d’assurance et savions qu’elles représentaient potentiellement des millions de dollars, mais nous n’avions aucune capacité excédentaire pour les exploiter, dit Mme Furtado.»

Lorsque le manque de fonds vous empêche de croître, il devient tout à fait logique d’aller chercher des investissements externes, dit-elle. Et si vous avez un modèle d’affaires éprouvé et un parcours intéressant pour les investisseurs, vous êtes en meilleure position pour négocier une entente.

L’avantage d’avoir patienté avant de mobiliser des capitaux, c’est que nous avons pu conserver une participation majoritaire dans l’entreprise, conclut-elle. « Il est plus facile de convaincre des investisseurs de vous laisser aux commandes et d’adopter votre vision lorsque vous avez déjà fait vos preuves. »

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Cet article a initialement été publié dans The Globe and Mail : Consulter l’article