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RBC
En 2009, pendant leurs vacances, Adrian Quinn et sa conjointe se promenaient dans un marché de Californie quand ils ont aperçu toute une foule en file d'attente devant un kiosque. Curieux d'apprendre ce qui attirait tant de monde, ils ont pris leur place dans la file. Ce qu'ils ont trouvé une fois leur tour arrivé, c'était non seulement un nouveau produit, mais aussi un nouveau projet d'affaires : des croustilles de chou frisé.

Bien qu’on la considère maintenant comme un véritable superaliment, cette variété de chou vert était encore méconnue des consommateurs en 2009 et ne se vendait que dans des créneaux de marché très limités. Comme le raconte Adrian : « Nous avons goûté aux croustilles et nous avons adoré. Mais nous avons aussi pensé que nous pourrions faire encore mieux. Celles du kiosque se conservaient peu longtemps, et leur producteur les préparait la veille. » Adrian et sa conjointe ont rapporté chez eux une bonne quantité de croustilles pour les faire goûter à leurs amis, qui les ont eux aussi trouvées savoureuses.

Et voilà : l’idée d’en produire avait pris racine et donnerait bientôt naissance à l’entreprise Brandneu Foods. Brandneu prépare des aliments classiques d’une toute nouvelle façon, d’où son nom (Brandneu pour brand new, ou « tout nouveau »). Pourquoi NEU ? Pour Naturally delicious (naturellement délicieux), Exceptional quality (qualité exceptionnelle) et Ultimate experience (toute une expérience!).

Une cuisine expérimentale dans le garage

Pour produire leurs propres croustilles de chou frisé, Adrian et sa conjointe ont converti en cuisine expérimentale le garage attenant à leur résidence de Castleton, en Ontario. Au début, ils avaient une douzaine de petits déshydrateurs alimentaires maison, plus un mélangeur. Ils faisaient tout à la main : lavage, assaisonnement, emballage. Ça prenait vraiment beaucoup de temps.

« La déshydratation alimentaire n’est pas un nouveau processus, mais avec l’équipement offert à ce moment-là, le chou mettait 14 heures à sécher. C’était bien trop long, explique Adrian. Alors nous avons conçu l’appareil Kale-o-matic, le déshydrateur de chou frisé le plus gros et le plus rapide au Canada (et peut-être même au monde). Avec ça, il suffit d’une heure et demie pour que le chou soit sec. L’appareil est venu tout changer pour notre entreprise. »

Brandneu fabrique aujourd’hui ses croustilles dans un édifice moderne de 6 500 mètres carrés, au bord du lac Ontario.

On récolte ce qu’on sème !

Adrian et sa conjointe ont commencé par acheter leur chou auprès d’un cultivateur local, lui en commandant de plus en plus à mesure que l’entreprise prenait de l’expansion. Le cultivateur a fini par leur conseiller de faire pousser leur propre chou s’ils en voulaient en si grandes quantités. C’était une idée fertile, a compris Adrian, et une belle occasion d’affaires.

Adrian rit en se rappelant qu’il avait balayé et nettoyé pas mal de terre dans sa vie, mais qu’il n’avait jamais vu ça comme une matière précieuse. « C’est incroyablement satisfaisant de voir pousser le chou. En 24 heures à peine, on le récolte et on en fait des croustilles. On contrôle tout le processus, des semences au produit fini. » Brandneu Foods fait aujourd’hui partie des plus grands producteurs de chou frisé bio du pays. Officieusement couronné prince canadien de ce produit si prisé, Adrian remercie surtout sa conjointe d’avoir flairé l’immense potentiel de popularité du chou frisé.

L’innovation porteuse de croissance

Quand ils ont fondé Brandneu Foods, Adrian et sa conjointe faisaient tout eux-mêmes. Maintenant, ils ont 18 employés.

Les magasins d’aliments naturels des environs ont été les premiers à vendre des produits de Brandneu, leurs propriétaires se réjouissant d’appuyer un producteur local. La direction des grandes chaînes ne voulait pas, initialement, traiter avec un petit fournisseur. Les ventes ont augmenté depuis, et Brandneu s’est établie en 2015 dans le marché des États-Unis.

Comme tout roule rondement du côté de l’exploitation, Adrian et sa conjointe ont pu se consacrer davantage aux dimensions plus créatives de leur projet d’affaires, en l’occurrence à créer de nouvelles saveurs de croustilles. Leurs proches ont accepté avec plaisir de participer à des dégustations, et des clients ont aussi envoyé leurs précieux commentaires par courriel ou par la poste. Les croustilles à assaisonnement barbecue sont les plus vendues en ce moment. Parmi les autres saveurs populaires : Spicy Curry Lime (cari-lime), Red Peppercorn Ranch (cayenne-ranch) et Better than Cheddar (chef-d’œuvre cheddar). Brandneu offre même des croustilles de chou frisé au bacon.

L’expertise, ça se partage

Adrian adore conseiller les jeunes entrepreneurs pour les aider à éviter certains défis qu’il a lui-même dû relever. Il recommande aux petites entreprises de diversifier leurs produits. « Ne vous rendez pas trop dépendants d’un gros client et ne mettez pas tous vos choux dans le même panier, explique Adrian. Il ne faut pas non plus sous-estimer la valeur des petits acheteurs. Ce sont souvent les plus fiables, qui peuvent jouer un rôle important dans la croissance de votre entreprise. »

Quel est le meilleur conseil qu’Adrian a reçu ? « Il faut voir grand ! Ce ne sont pas les occasions qui manquent, précise-t-il. Même si vous produisez pour un créneau de marché très particulier, vous pouvez innover et prendre de l’essor. »

Non seulement les produits Brandneu Foods ont remporté de nombreux prix, mais Adrian a souvent vécu sa réussite de façon plus personnelle. « Je suis allé avec ma mère dans une grande épicerie d’envergure pancanadienne, et ça l’a émue aux larmes de voir nos croustilles dans les étalages. Et puis récemment, mon frère était en voyage à Toronto et il a photographié pour moi quelqu’un qui se promenait au centre-ville avec un sac de croustilles Brandneu à la main. Tout ça m’a vraiment fait chaud au cœur. »

Adrian pense-t-il à la retraite ? « J’adore le chou frisé et j’adore le faire savourer », répond-il, « alors je me vois arpenter fièrement mon champ même quand je serai très âgé, comme le font certains vignerons. »

Un autre article de la série « Un garage, un entrepreneur » :