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« Il est important d'inculquer tôt des notions de littératie financière aux étudiants en médecine. »

Les étudiants en médecine sont soumis à une charge de travail et à des pressions considérables, et nombre d’entre eux doivent en outre composer avec une dette énorme. La Dre Stephanie Zhou s’est donné pour mission de faire acquérir aux étudiants des connaissances financières axées sur l’autonomie et la mobilité économique, et de les aider ainsi à s’orienter vers le meilleur avenir possible.

La Dre Zhou, médecin spécialisée en toxicomanie à l’hôpital Sunnybrook, à Toronto, s’est vu décerner récemment le prix Leader de demain d’Objectif avenir RBC dans le cadre de la remise des prix Top 100 : Les Canadiennes les plus influentes du Réseau des femmes exécutives (WXN). Chaque année, cet événement est une occasion pour Objectif avenir RBC de célébrer les réalisations de cinq jeunes femmes qui font figure de pionnières et transforment leur collectivité par leur esprit d’innovation, leur sens de la collaboration et leur courage.

La quête de la littératie financière

Stephanie Zhou

(Dre Stephanie Zhou)

Arrivée au Canada à l’âge de quatre ans et ayant grandi dans un logement subventionné, la Dre Zhou a acquis des notions de littératie financière non par choix, mais par nécessité.

« J’étais la seule personne de ma famille à parler couramment anglais, et j’ai appris à me servir d’un ordinateur à la bibliothèque », se rappelle la Dre Zhou, qui est aujourd’hui responsable des questions d’EDI (équité, diversité et inclusion) et de responsabilité sociale à l’hôpital Sunnybrook.

« Quand j’étais à l’école primaire, j’accompagnais mes parents à la banque et je les aidais à remplir leurs déclarations de revenus, dit-elle. Quand j’étais en quatrième année et que ma mère a perdu son emploi, j’ai fait des recherches afin de connaître les programmes d’aide sociale auxquels elle était admissible, et je l’ai aidée à rédiger un CV et à postuler des emplois. »

La Dre Zhou décrit la détermination à réussir qui l’animait comme une réaction au racisme et aux préjugés de classe dont sa famille avait été l’objet.

« Je me rappelle avoir entendu quelqu’un dire que ma mère parlait mal anglais et qu’elle devrait retourner là d’où elle venait, dit-elle. Et j’ai été la cible d’intimidation parce que nous étions pauvres. Certains camarades de classe se moquaient des vêtements que je portais. »

« Cela m’a incitée à m’orienter vers une carrière offrant un revenu grâce auquel ma famille et moi pourrions tourner la page sur la pauvreté. »

Au secondaire, Stephanie Zhou a décidé qu’elle serait médecin. Elle s’est rendue à la bibliothèque et a fait des recherches concernant les prêts et les bourses offerts aux étudiants, l’établissement d’un budget, ainsi que le domaine du placement.

Une spécialité soigneusement choisie

À l’école de médecine, Stephanie Zhou a choisi de se spécialiser en toxicomanie, un choix qui n’était pas sans lien avec le fait qu’elle avait vu, dans son enfance, des gens en proie au délire et à des hallucinations dans des refuges où sa famille avait reçu de l’aide. Au cours de ses études de maîtrise, elle a participé en tant que consultante à un projet d’aide aux sans-abri mis sur pied par le Boston Health Care for the Homeless Program, ce qui lui a permis de travailler aux côtés de cliniciens en médecine interne spécialisés en toxicomanie.

« Au Canada, le parcours le plus rapide pour travailler dans ce domaine est de se diriger vers la médecine familiale et d’orienter sa pratique vers l’aide aux toxicomanes, dit-elle. C’est ce que j’ai fait. J’ai ensuite participé à la mise sur pied de services de consultation interne et externe en toxicomanie à l’hôpital Sunnybrook. »

La Dre Zhou travaille actuellement deux jours par semaine en médecine familiale et trois jours en toxicomanie.

Dans sa pratique comme médecin, il lui arrive fréquemment d’aider des patients à remplir des demandes de crédit d’impôt pour personnes handicapées ou des demandes d’aide sociale.

« Je boucle la boucle, en quelque sorte, car j’ai aidé mes parents à faire ce genre de choses », dit-elle.

Aider la prochaine génération de médecins canadiens

En août 2018, la Dre Zhou a animé un webinaire intitulé « Affording Medical School » (comment payer ses études à l’école de médecine) à l’intention des étudiants à faible revenu. Elle a alors expliqué la façon de s’y prendre pour repérer les bourses d’études et les programmes travail-études disponibles, ainsi que pour soumettre une demande. Elle a aussi parlé de l’établissement d’un budget.

« Des études ont montré que les étudiants provenant de familles à revenu modeste sont moins bien informés sur les questions de finances personnelles que les étudiants provenant de familles à revenu élevé », explique-t-elle.

La Dre Zhou a ensuite lancé sur Instagram un blogue d’éducation financière appelé Breaking Bad Debt (en finir avec les mauvaises dettes), où elle a publié des conseils axés sur la compétence financière.

« Plutôt que de parler de dépenses comme la plupart des détenteurs de compte Instagram, j’ai cherché à faire l’inverse, dit-elle.

Je me suis dit que tout en parcourant les publications de leurs pairs ayant trait à des sujets comme les vacances ou les soins esthétiques des ongles, les étudiants verraient aussi mes publications sur les CELI, sur la façon dont je m’y suis prise pour rembourser mes dettes et sur l’utilisation des coupons-rabais pour réduire les dépenses d’épicerie. »

D’Instagram à la création d’un programme d’études obligatoire

Son blogue a rapidement compté des milliers d’abonnés, dont des membres importants de la Faculté de médecine de l’Université de Toronto. Cela l’a amenée à élaborer, à l’intention des étudiants en médecine, un programme novateur obligatoire dans le domaine de la littératie financière – programme qui débute durant la semaine d’orientation et qui, en raison de l’enthousiasme qu’il suscite, a récemment été étendu aux quatre années d’études.

« La première année, on explique la méthode d’établissement d’un budget à l’aide d’une feuille de calcul ainsi que le fonctionnement des cartes de crédit et des applis de gestion de budget, dit la Dre Zhou. On parle aussi des CELI, des REER et du nouveau compte appelé compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété. »

La deuxième année, la Dre Zhou et son équipe – ce qui inclut le bureau d’aide financière – enseignent aux étudiants les principes du placement et expliquent l’importance de s’entourer d’une équipe financière formée de comptables, d’avocats, de spécialistes des services bancaires et de courtiers d’assurances. La troisième année, l’accent est mis sur le choix d’une carrière, sur les formations à acquérir et sur l’épuisement professionnel. Enfin, la quatrième année, on explique la façon de s’y prendre pour rembourser les prêts étudiants.

« Les étudiants se sont montrés très intéressés à suivre ce programme, indépendamment de leur profil socioéconomique, dit la Dre Zhou. Ces connaissances sont importantes pour tous. » En divers endroits au Canada, d’autres écoles de médecine, inspirées par l’exemple de l’Université de Toronto, ont décidé de se doter d’un programme de littératie financière, ajoute-t-elle.

« Je me suis fait demander d’agir en tant que conseillère auprès d’autres écoles de médecine, dont celles des universités Queen’s, Dalhousie et McGill. Ce que nous avons appris, nous le partageons avec l’ensemble du milieu médical. Cela a aidé d’autres écoles de médecine à mettre en place des programmes de littératie financière. »

Lien entre les soins de santé et la littératie financière

Les gens sont surpris quand ils apprennent que la Dre Zhou enseigne les finances personnelles aux étudiants en médecine. Toutefois, il importe de souligner qu’aux yeux de celle-ci, le statut socioéconomique est le plus important déterminant social de la santé.

« En matière de santé, dit-elle, de nombreuses décisions s’appuient sur des critères de coût et de temps, mais ont des répercussions ultérieures considérables sur le système de soins de santé en raison des coûts fortement accrus qui en résultent en ce qui a trait à l’obésité, aux maladies du cœur, au diabète et même à la toxicomanie. »

Dans son travail à l’Université de Toronto, la Dre Zhou voit les difficultés financières avec lesquelles sont fréquemment aux prises les étudiants en médecine et les jeunes médecins. « Beaucoup de gens pensent qu’à partir du moment où ils reçoivent leur diplôme, les médecins gagnent très bien leur vie, dit-elle. Mais ce n’est pas le cas. Le revenu moyen des médecins résidents est de 60 000 $, et ceux-ci doivent composer avec l’inflation et la hausse du coût de la vie, particulièrement à Toronto et dans les autres villes coûteuses. »

Redonner à la profession et offrir des conseils financiers robustes

En plus de travailler comme clinicienne et enseignante, la Dre Zhou organise, de concert avec une équipe d’étudiants de diverses écoles de médecine, un colloque annuel appelé Canadian Physicians Financial Wellness Conference (colloque sur le bien-être financier des médecins canadiens), qui est le plus important événement de ce genre au pays.

« Il est important d’inculquer tôt des notions de littératie financière aux étudiants en médecine, et nous offrons pour cela un milieu accueillant et sécuritaire au sein duquel tous peuvent apprendre ensemble », dit-elle. Les points saillants du dernier colloque peuvent être consultés sur le canal YouTube Breaking Bad Debt, de la Dre Zhou.

« C’est une façon pour nous d’aider le milieu médical à soutenir les médecins de demain », ajoute cette dernière.

Pour obtenir des conseils financiers additionnels, veuillez vous adresser à l’un des spécialistes, Services aux professionnels de la santé RBC.

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