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RBC
Pendant la pandémie, ces cinq personnes ont changé leur façon de voir le travail, le bonheur et l'argent, se préparant ainsi à faire face à la hausse de l'inflation.

Cet article a été initialement publié sur Investisseur inspiré le 6 septembre 2022.

Les dernières années n’ont pas été faciles pour bon nombre d’entre nous. La pandémie et la tourmente économique qui en découle ont fait des ravages de diverses manières, et continuent de créer beaucoup d’incertitude. Pour certaines personnes, la pandémie est cependant devenue l’occasion de repenser la façon dont elles gagnent, dépensent et économisent leur argent, ce qui a ouvert la voie à une meilleure gestion de leurs finances.

Nous avons discuté avec cinq épargnants avisés pour savoir de quelle manière la pandémie a changé leur point de vue sur les questions financières et, alors que les Canadiens font face à la hausse de l’inflation, aux hausses de taux d’intérêt et plus encore, afin de voir quelles leçons nous pouvons tirer de leurs expériences. L’un d’entre eux a redécouvert une passion enfouie qui a mené à un changement de carrière lucratif, tandis que la nouvelle sécurité financière d’une autre lui a permis de délaisser une carrière très prenante. Ils ont tous commencé à prêter plus d’attention à la façon dont ils dépensaient.

Quelle que soit leur situation, ils ont tous mentionné à quel point ils se considéraient comme chanceux d’avoir pu économiser de l’argent, sachant que c’était loin d’être le cas pour tous. Voici ce qu’ils nous ont dit.

S’adapter et faire preuve de souplesse

La pandémie aurait pu être financièrement dévastatrice pour Andrew John Virtue Dobson, 37 ans, blogueur et entrepreneur de Toronto qui exploitait son propre site Web de voyage depuis plus de dix ans. « Dans les 48 heures qui ont suivi l’annonce du premier ministre Justin Trudeau (interdiction de voyages non essentiels), tous mes voyages de presse ont été annulés, et j’ai perdu tous les revenus que j’attendais pour l’année. » M. Dobson a profité de l’occasion pour réorienter le thème de son site Web vers la nourriture et la cuisine, redécouvrant ainsi une passion qui l’avait à l’origine conduit à étudier l’administration hôtelière et alimentaire à l’université.

Comme de nombreux Canadiens cherchaient du réconfort dans leur cuisine pendant le confinement, il s’agissait d’un changement opportun. L’ajout de recettes quotidiennes et de cours de cuisine virtuels à son site Web a généré plus de quatre fois la fréquentation prépandémique, qui a atteint environ 170 000 visiteurs par mois, et s’est traduit par des ventes publicitaires et d’autres revenus. En outre, le remaniement de son entreprise et de son mode de vie l’a amené à se concentrer davantage sur ses finances.

Il a annulé son abonnement au gym et a plutôt choisi de nager gratuitement dans la piscine de sa communauté locale. Il a aussi ouvert son premier compte de placement autogéré. « J’ai été très, très prudent en ce qui concerne l’épargne », dit-il, mais j’ai fait des placements pour faire fructifier ces économies. « L’épargne et les placements font maintenant partie de mon mode de vie quotidien. »

Être conscient de ses dépenses

Elise Moser a toujours vécu de manière simple : elle a même fini de payer son appartement en copropriété de Montréal avant l’âge de 50 ans. Cependant, elle a été frappée de constater qu’elle pouvait économiser une partie encore plus grande de son modeste revenu en tant que rédactrice indépendante, rédactrice en chef et gestionnaire de subventions lorsque les risques liés à la COVID-19 l’ont clouée à la maison. « J’ai toujours vécu de manière frugale. En dépensant peu, j’ai pu partager mon temps entre le travail que j’aime et du bénévolat. Cependant, la pandémie m’a montré à quel point je dépensais plus que je ne le pensais », confie l’auteure qui a publié des nouvelles, deux romans et un ouvrage documentaire pour les enfants.

Elise Moser dit avoir été en mesure de réaliser des économies d’environ 10 000 $ en deux ans. Comment s’y est-elle prise? Elle a cessé de dépenser pour acheter des vêtements, des chaussures et des repas au restaurant. Elle a aussi commencé à marcher davantage après avoir abandonné un laissez-passer mensuel de transport en commun et des cours de yoga. Comme beaucoup d’autres, elle et sa partenaire ont aussi cessé de voyager pendant la pandémie.

Madame Moser mentionne qu’elle a choisi d’augmenter ses cotisations annuelles au régime enregistré d’épargne-retraite (REER), d’augmenter ses dons de bienfaisance et d’épargner pour terminer son prochain roman. « Mes choix précédents, ma situation privilégiée et ma bonne étoile ont fait que je n’ai pas eu de mal à traverser la pandémie d’un point de vue financier », dit-elle. « Mais cela m’a aussi fait réfléchir à la façon de mieux tenir compte de mes dépenses à l’avenir. »

Il est toujours payant d’épargner, même lorsque ça nous semble être un grand sacrifice

En tant que PDG d’une petite société de services-conseils en communications prospère qu’elle dirige avec son mari, Marliss Weber a toujours considéré l’argent comme une marchandise, c’est-à-dire quelque chose à utiliser. Cette résidente d’Edmonton âgée de 45 ans mangeait donc au restaurant plusieurs fois par semaine (surtout lorsque ses journées de travail étaient bien remplies) et faisait une demi-douzaine de voyages par an dans des pays comme la Corée du Sud, les Pays-Bas et le Belize. « Nous avons vécu au jour le jour et n’avons jamais épargné pour des temps difficiles », dit-elle.

Tout cela a changé lorsque l’augmentation du volume d’affaires de la société a coïncidé avec une diminution des occasions de voyager et de manger au restaurant à la suite de la COVID-19. « En deux ans, nous avons pu économiser un montant dans les six chiffres et rembourser nos dettes de carte de crédit », raconte Marliss Weber. Le couple voyagera encore — « c’est l’une de nos plus grandes joies », affirme-t-elle — mais ils ont aussi découvert le plaisir qu’ils ressentent en amassant un pécule. Ils prévoient continuer à manger à la maison, autant pour épargner que pour se maintenir en santé, et cherchent des moyens de créer un meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle.

« Nous avions l’habitude de travailler beaucoup trop d’heures et de jongler entre bien trop de priorités », dit-elle. « Cette expérience a vraiment changé mon attitude à l’égard de l’argent. Maintenant je le vois comme un filet de sécurité dans un monde assez incertain. »

Se concentrer sur ce qui apporte du plaisir

En mai 2020, Aaron Strate et sa fiancée Ashley ont virtuellement regardé leurs amis se marier en direct. « Ils avaient planifié un événement majestueux, mais à cause des restrictions pandémiques, ils ont fini par se marier dans leur cour », raconte Aaron Strate, 38 ans. « Ashley et moi savions tous les deux que nous voulions un petit mariage plus intime. On s’est dit : “ C’est super, on devrait le faire aussi. » » Inspirés, ils ont donc organisé exactement la même chose pour leur propre union.

Ils ont utilisé l’arrière-cour de leur bungalow de Toronto comme lieu de rassemblement et ils ont embauché un officiant, un photographe, un vidéaste et un fleuriste. Par contre, la mère d’Ashley a cuisiné le gâteau et confectionné la robe, en plus de s’occuper de la coiffure et du maquillage. Les décorations comprenaient des guirlandes lumineuses étendues sur une corde à linge et des boisseaux de fruits provenant de leur pommier prolifique. Seulement une poignée de membres de la famille immédiate étaient présents, mais ils se sont mariés devant 80 de leurs proches amis et parents qui regardaient l’événement en ligne.

« Vous entendez tant parler de gens qui ne se souviennent pas vraiment de leur mariage, parce qu’il était tellement grand et qu’ils n’avaient pas le temps d’en profiter », constate Aaron Strate, thérapeute comportemental. « Ce n’est pas ce que j’ai ressenti. C’était un événement aussi monumental que si nous avions dépensé beaucoup d’argent. » Le couple a utilisé les économies réalisées pour rénover sa salle de bains et s’offrir un espace cuisine et salon à aire ouverte. L’espace supplémentaire n’aurait pas pu tomber mieux : le couple a accueilli un nouveau-né en mai.

Ralentir ne signifie pas rester immobile

Comme beaucoup de membres de la génération Y, Maribeth Tabanera, habitante de Winnipeg, a plusieurs sources de revenus. Elle est enseignante, danseuse, chorégraphe, DJ, écrivaine et organisatrice d’événements. Les services en ligne ont aidé la femme de 34 ans à exercer son art et à gagner sa vie pendant la pandémie. Par contre, les voyages, l’une de ses principales sources de dépenses discrétionnaires, étaient hors de question. « J’effectue habituellement quatre ou cinq voyages par année : à Toronto, à Montréal, à Vancouver et à New York. Je visite aussi des membres de ma famille aux Philippines tous les deux ans », dit-elle.

En restant chez elle pendant deux ans, elle a pu rembourser son prêt-auto et ses marges de crédit. Elle y est parvenue même en payant l’hypothèque mensuelle sur un appartement en copropriété d’une chambre. En raison de la hausse du coût de la vie, Maribeth Tabanera affirme qu’elle conservera une habitude financière spécifique adoptée pendant la pandémie : l’augmentation de ses cotisations mensuelles affectées à l’épargne. Pour ce faire, elle a haussé ses honoraires artistiques pour tenir compte de l’inflation.

Bien que Madame Tabanera ait maintenant repris ses déplacements tant pour le travail que pour les loisirs, son rythme de vie moins effréné au cours de la pandémie a changé sa vision. « J’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir à ce que signifie une belle vie et à ce qui m’apporte réellement de la joie », remarque-t-elle. « Je me sens reconnaissante de vivre dans l’abondance. »