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Le Canada manquera d'environ 44 000 médecins d'ici 2028, et les médecins de famille représenteront 72 % du déficit. En plus de combler cette lacune, le Canada devra former ou embaucher 30 000 médecins de plus d'ici 2028 pour atteindre le nombre moyen de médecins par habitant parmi les pays de l'OCDE.

Cet article a été publié pour la première fois sur le site RBC Point clé.

Il est de plus en plus difficile de trouver un médecin de famille au Canada. Environ six millions d’adultes canadiens (en anglais) ne peuvent pas consulter un médecin de famille, contre 4,6 millions en 2019. La situation est particulièrement alarmante dans les collectivités rurales (en anglais), où seulement 8 % des médecins desservent près d’un cinquième de la population canadienne. Le système de santé en général subit déjà les conséquences de cette insuffisance. Les médecins de famille sont souvent les premiers à voir pour les patients. Et sans un accès rapide à eux, les patients se tournent vers les services d’urgence déjà débordés à cause de la pandémie.

La crise risque de s’aggraver. On estime que le Canada manquera de près de 44 000 médecins, dont plus de 30 000 médecins de famille et généralistes, avant la fin de la décennie. Bien que 2 400 postes de médecin de famille aient été affichés sur les sites Web du gouvernement à la fin de 2021, seuls 1 496 (en anglais) médecins ont terminé leur formation en résidence cette année-là.

L’offre de médecins au Canada a été inférieure à celle des autres grandes économies

Selon les données de l’OCDE, le nombre de médecins par habitant au Canada est bien moindre que celui de pays comparables, comme la France et l’Allemagne. De plus, en raison de problèmes de comparabilité des données, ces chiffres brossent un tableau plus positif de la situation au Canada, car ils incluent les médecins non pratiquants (éducateurs, chercheurs, gestionnaires, etc.) dans l’ensemble des statistiques sur les médecins. La population canadienne devant augmenter de 7,7 % d’ici 2028, il est essentiel de remédier à ce manque de services de santé primaire. Mais pour favoriser un relâchement des goulots d’étranglement dans le système, il ne suffit pas d’attirer davantage de personnes à l’échelle nationale et internationale vers les études en médecine.

Le premier obstacle est un système de quota auquel les 17 facultés de médecine canadiennes sont soumises et qui limite les admissions à un peu moins de 3 000 candidats médecins par an. Le second réside dans la proportion élevée d’étudiants (tant canadiens qu’étrangers) diplômés de facultés de médecine internationales qui n’obtiennent pas de poste de résidence. Plus de 90 % des quelque 2 100 candidats qui n’ont pas été jumelés au cours des trois dernières années étaient des diplômés internationaux en médecine. Le troisième facteur est l’augmentation des contingents d’étudiants en médecine sans accroissement proportionnel des postes de résidence : une exigence cruciale pour exercer la médecine.

Le dernier goulot d’étranglement est la diminution de la proportion d’étudiants en médecine qui choisissent la médecine familiale, la discipline la plus demandée au Canada. Il est urgent de lancer une campagne d’incitation pour encourager plus de gens à poursuivre cette carrière, et pour motiver les médecins à accueillir des stagiaires.

Simplification du processus d’accréditation et augmentation du financement pour accroître le nombre de médecins

Il faudra investir pour étendre la capacité des réseaux hospitaliers et universitaires, recruter des éducateurs et des évaluateurs, et multiplier les places en résidence dans le système médical canadien. Davantage de postes de résidence seront également nécessaires pour répondre à la hausse des contingents d’étudiants en médecine. Et la simplification de la reconnaissance des titres de compétences des médecins étrangers et des diplômés internationaux en médecine revêt une importance capitale. Des programmes tels que l’évaluation de la capacité à exercer peuvent évaluer les médecins étrangers et les diplômés internationaux en médecine dans un environnement clinique sur une période de douze semaines. Ils permettent d’évaluer les candidats de manière plus pratique et plus approfondie tout en accélérant leur intégration sur le marché du travail. Toutefois, à l’heure actuelle, seules sept provinces sur dix appliquent l’évaluation de la capacité à exercer. L’Ontario, où vit 39 % de la population canadienne, a supprimé ce programme d’évaluation en 2018. Cette décision a accentué la pénurie de médecins dans la province.

De nombreuses provinces prennent des mesures importantes pour atténuer les pénuries. L’Ontario facilite l’exercice temporaire des médecins provenant de l’extérieur de la province, alors que la Colombie-Britannique augmente le salaire des médecins de famille. Cependant, il faudrait en faire plus pour attirer des médecins étrangers qui pourraient commencer à donner des soins aux Canadiens rapidement.

Alors que nous nous efforçons de recruter davantage de stagiaires en médecine familiale, nous pouvons améliorer l’efficacité, notamment en encourageant les médecins de famille à collaborer avec d’autres professionnels de la santé pour assurer des soins aux patients en temps opportun. La technologie peut contribuer à alléger le processus d’ordonnance, et les consultations par voie de télésanté peuvent réduire les charges administratives.

Conclusion : L’embauche et la formation de nouveaux médecins spécialisés dans des disciplines où la demande est forte permettront d’atténuer les pénuries chroniques. L’ajout de postes de résidence pour les nouveaux diplômés nationaux et internationaux en médecine peut aider à relever certains défis à long terme. Enfin, les technologies et les politiques qui soutiennent les effectifs actuels peuvent améliorer l’efficacité.

Benjamin Richardson est responsable de mener des recherches dans le cadre des articles des groupes Services économiques RBC et Leadership avisé RBC. Avant de se joindre à RBC, il a obtenu une maîtrise de l’Université de Toronto et a travaillé pour le Woodrow Wilson Centre, à Washington, D.C., où il a fait des recherches sur les relations entre le Canada et les États-Unis. Yadullah Hussain occupe le poste de directeur de rédaction, Climat et énergie, au sein groupes Services économiques et Leadership avisé RBC. Naomi Powell s’est jointe au groupe Leadership avisé RBC en 2020. Elle est responsable de l’édition et de la rédaction d’articles pour les groupes Services économiques RBC et Leadership avisé RBC. Avant de se joindre à RBC, elle a travaillé comme journaliste économique au Canada et en Europe, et, plus récemment, elle a réalisé des reportages sur le commerce international et l’économie pour le Financial Post.

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