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RBC
L'impressionnisme à l'ère industrielle illustre la vie dans le Paris de la fin du XIXe siècle, une ville nouvelle transformée par la vapeur, l'acier et la vitesse, avec laquelle il est facile d'établir des parallèles avec la vie trépidante d'aujourd'hui.

Le cri strident du sifflet de locomotive vous accueille à l’entrée de l’exposition « L’impressionnisme à l’ère industrielle : Monet, Pissarro et plus », qui se tient actuellement au Musée des beaux-arts de l’Ontario. Comme si l’on vous faisait passer une barrière à la gare Saint-Lazare, la gare centrale de Paris au XIXe siècle, vous voilà ramenés dans le temps dans un lieu où vapeur, acier et vitesse sont en train de bouleverser la façon dont les gens appréhendent le monde. « C’est une occasion de se pencher sur les moteurs historiques des changements sociaux et de songer au rôle de l’art par les moments de réflexion et de contemplation qu’il offre sur la façon dont les thèmes abordés dans les œuvres peuvent trouver écho dans notre monde contemporain », a déclaré Corrie Jackson, première conservatrice de RBC.

L’impressionnisme à l’ère industrielle voit le jour en 1850, quand l’urbaniste Georges-Eugène Haussmann entreprend de redessiner, de démolir et de moderniser entièrement Paris. La photographie vient d’y être inventée, les gens peuvent désormais y communiquer rapidement sur de grandes distances grâce au télégraphe et les réverbères au gaz permettent aux citadins de sortir après le crépuscule.

C’est également le berceau des impressionnistes, un groupe d’artistes qui a d’abord été reconnu pour ses représentations sur toile des moments fugaces de la nature par des touches et des points de couleur. Les impressionnistes se sont également attachés à témoigner de l’évolution de leur milieu urbain. L’exposition retrace ainsi leur interprétation, leur réaction et leur inspiration face à l’accélération du rythme de vie. Elle accompagne le visiteur à travers les épreuves de la guerre franco-prussienne jusqu’aux célébrations de l’Exposition universelle de 1900, le fait pénétrer dans les banlieues champêtres paisibles loin de la ville, pour ensuite le ramener au cœur de la ville dans l’exubérance de la vie nocturne à l’aube du nouveau siècle. Dans les coups de pinceau de peintres comme Monet, Pissarro, Cassatt, Seurat et Degas, le fin détail des photographies de Marville et de Collard et les esquisses intimes de Bracquemond et de Tissot, nous assistons aux transformations de l’ère industrielle à travers le regard des artistes qui les ont vécues.

Claude Monet. L'arrivée du train de Normandie, gare Saint-Lazare (détail)

Claude Monet. L’arrivée du train de Normandie, gare Saint-Lazare (détail), 1877. Huile sur toile, hors tout : 60,3 × 80,2 cm. Art Institute of Chicago, collection de M. et Mme Martin A. Ryerson, 1933.1158. Image © Art Institute of Chicago/ Art Resource, NY

Le nom de Monet évoque les ombres sereines de sa série Les Nymphéas, mais ici, l’artiste met en scène le gris fumée, le cobalt et le turquoise pour camper la gare Saint-Lazare nouvellement achevée, ainsi que des ouvriers qui déchargent du charbon dans des péniches sur les berges de Clichy.

Camille Pissarro. Le pont Boieldieu à Rouen, temps mouillé

Camille Pissarro. Le pont Boieldieu à Rouen, temps mouillé, 1896. Huile sur toile, sans cadre : 73,6 × 91,4 cm. Don de la succession de Reuben Wells Leonard, 1937 © Musée des beaux-arts de l’Ontario 2415

Pissarro reproduit les cheminées des usines crachant leur fumée houleuse près de Pontoise, les ponts animés près de Rouen et la toute nouvelle avenue de l’Opéra.

Parmi plus de 120 œuvres exposées, on peut voir la tour Eiffel, le système de métro et la colonne Vendôme aux différentes étapes de leur construction. Le visiteur peut même traverser le Pont de l’Europe de Gustave Caillebotte grâce à une simulation de réalité virtuelle, et sillonner les rues de la ville par le truchement de plans d’époque, de guides touristiques et de documents d’archives. On entend presque le fracas des marteaux frappant le métal dans les représentations enlevées et kaléidoscopiques des métallurgistes et des fonceurs de piles de Luce, ou le balancement léger des tissus dans les toiles de blanchisseuses de Degas.

Edgar Degas. Repasseuse

Edgar Degas. Repasseuse, c. 1876-1887. Huile sur toile, hors tout : 81,3 × 66 cm ; encadrée : 99 × 82,5 cm. National Gallery of Art, Washington, collection de M. et Mme Paul Mellon 1972.74.1.

Le spectateur est invité à faire une pause sur les rives de la Seine en se plongeant dans les études intimes de Seurat sur les baigneurs d’Asnières, pour ensuite se balader dans les champs nouvellement travaillés en compagnie des fermiers et des semeurs de Vincent Van Gogh, de Paul Sérusie et d’Émile Bernard.

Vincent van Gogh, Usines de Clichy

Vincent van Gogh, Usines de Clichy, été 1887. Huile sur toile, 53,7 x 72,7 cm. Musée d’art de Saint-Louis, fonds alloués par Mme Mark C. Steinberg par échange 579 : 1958. Image reproduite avec l’aimable autorisation du Musée d’art de Saint-Louis

Tout au long de l’exposition, des scènes de construction illustrant des grues, des échafaudages, du verre, des rivets et du béton côtoient des tableaux de gens – ouvriers, commerçants et clients – qui ont à la fois contribué à l’industrialisation, à l’automatisation et à la commercialisation, et en ont été directement affectés.

Vu sous cet angle, le visiteur est à même de constater des similitudes entre l’intérieur et l’extérieur de la galerie : les tableaux pointillés presque pixélisés, les photographies remarquablement nettes et les compositions cinématiques argentées ressemblent au paysage qu’offre Toronto à la sortie de l’exposition, avec sa silhouette de plus en plus haute, l’information qui voyage de plus en plus vite et les déplacements à grande vitesse qui raccourcissent les distances.

« Le soutien des arts visuels est essentiel pour entretenir une culture dynamique et innovante au Canada, a déclaré Mme Jackson. Être le principal commanditaire d’expositions comme celle-ci nous permet de favoriser les échanges qui naissent de la réflexion sur de grandes œuvres envisagées sous de nouvelles perspectives. » L’impressionnisme à l’ère industrielle illustre le rythme de vie à Paris, à la fin du XIXe siècle, une ville nouvelle transformée par la vapeur, l’acier et la vitesse. Ici, le temps et l’espace du monde des impressionnistes se rapprochent de ceux de notre monde au point où l’on peut y trouver plus de parallèles à prévoir avec notre rythme de vie actuel.

Renseignez-vous davantage sur la façon dont RBC appuie les arts.