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RBC
Les chaînes de blocs et l'intelligence artificielle viennent à la rescousse du lac Winnipeg et de ceux qui veulent lui assurer un avenir propre et sain.

Au Canada, les longues journées d’été passées sur le bord d’un lac à l’eau fraîche et limpide sont parmi les meilleures de l’année. Toutefois, en août dernier, les visiteurs sur les plages du lac Winnipeg ont été avisés plusieurs fois d’éviter la baignade.

Le problème ? Les fleurs d’eau. Quand la teneur en phosphore d’une étendue d’eau est trop élevée, une quantité nocive d’algues microscopiques (les cyanobactéries) peuvent pousser à la surface, rendant l’eau toxique pour les poissons, la faune sauvage et les humains.

Pour trouver des solutions aux problèmes qui affectent l’eau, la Lake Winnipeg Foundation (LWF) et l’Institut international du développement durable – région des lacs expérimentaux (IIDD-RLE) ont recours à de nouvelles technologies et créent des partenariats.

Les citoyens contre les cyanobactéries

Voyant des vagues de boue verte s’échouer sur les rives du lac Winnipeg, les habitants du coin ont décidé d’agir. Il y a 15 ans, un groupe de bénévoles préoccupés par la situation a créé la LWF. La LWF est une ONG environnementale qui milite pour des changements concrets pour améliorer l’état du lac Winnipeg. Depuis quelques années, ces scientifiques citoyens aident la LWF à surveiller la teneur en phosphore du lac.

À l’aide de protocoles éprouvés scientifiquement, les bénévoles de l’organisation prélèvent des échantillons à des emplacements désignés environ 20 fois par année. Pourquoi ont-ils choisi de donner de leur temps à une étendue d’eau ? Peter Williams, l’un des bénévoles, l’a expliqué très simplement à CBC : « J’ai sept petits-enfants et je voudrais leur laisser quelque chose de mieux que ce que nous avons en ce moment. »

J'ai sept petits-enfants et je voudrais leur laisser quelque chose de mieux que ce que nous avons en ce moment.

Les échantillons comme ceux recueillis par Peter Williams sont tous envoyés à un laboratoire où le personnel de la LWF les analyse pour connaître leur teneur en phosphore. Les résultats sont présentés sur différentes cartes et dans divers rapports. Jusqu’à récemment, il fallait parcourir plusieurs rapports et fichiers de données, un par un, pour trouver ce genre d’information. Désormais, les Canadiens ont accès aux résultats instantanément : il leur suffit de consulter le site de la plateforme Lake Winnipeg DataStream.

Les données sur l’eau vérifiables grâce aux chaînes de blocs

La LWF, grâce à une subvention de RBC Fondation, a aidé The Gordon Foundation à lancer DataStream en mars 2019. La LWF n’est pas la seule organisation à transmettre des données à DataStream. Une demi-douzaine de groupes de surveillance alimentent eux aussi la plateforme.

Les données sont transmises par chaînes de blocs. D’abord associées aux cryptomonnaies, les chaînes de blocs ont été inventées en 2008 pour qu’il y ait un grand livre des opérations en bitcoins. Aujourd’hui, cette technologie sert à bien d’autres usages en dehors des finances.

« En utilisant les chaînes de blocs, DataStream offre plus de sécurité et de transparence que tout autre système connu de gestion des données sur l’eau au Canada, affirme Carolyn DuBois, directrice du programme des eaux, The Gordon Foundation. Une “empreinte numérique » permet aux utilisateurs de faire le suivi des changements dans les ensembles de données au fil du temps et de faire des vérifications. Cette empreinte garantit l’authenticité des données. »

Dans le cas de Lake Winnipeg DataStream, les données provenant de systèmes de surveillance communautaires, de groupes autochtones, de programmes gouvernementaux et d’universités sont envoyées à un portail accessible gratuitement par tout le monde. Les chaînes de blocs permettent l’authentification des données pour les décideurs provinciaux et fédéraux, les collectivités et les scientifiques citoyens dont le travail sur le terrain est essentiel.

L’IIDD-RLE tire parti de la technologie pour créer des solutions aux problèmes des eaux

L’IIDD-RLE a été mis sur pied dans une région éloignée du nord de l’Ontario en 1968 pour trouver ce qui cause les fleurs d’eau. Il effectue des recherches sur 58 lacs d’eau douce, sorte de laboratoire naturel pour étudier les effets de l’environnement et des humains sur les cours d’eau. Il y a une cinquantaine d’années, les chercheurs de l’Institut ont commencé à ajouter différents nutriments dans des sections isolées d’un lac. Ils ont déterminé que « le phosphore est le principal facteur limitant de la prolifération d’algues ».

Les travaux de l'IIDD-RLE au Canada ont fait changer la réglementation des eaux partout dans le monde.

L’Institut est encore un pionnier dans le secteur. Toujours grâce à une subvention de RBC Fondation, ses chercheurs se pencheront au cours des deux prochaines années sur l’utilisation de l’intelligence artificielle pour trouver des solutions aux problèmes qui affectent l’eau.

« En utilisant de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle et en exploitant leur potentiel sans pareil pour effectuer nos recherches et nos analyses de données, explique Geoffrey Gunn, géographe à l’IIDD-RLE, nous comprendrons mieux les réactions des écosystèmes aquatiques aux tensions – des changements climatiques à la pollution, et tout ce qu’il y a entre les deux. Cela inspirera de nouvelles technologies et stratégies pour protéger nos écosystèmes d’eau douce. »

Par exemple, les chercheurs évalueront la faisabilité de systèmes intelligents capables d’analyser des données et d’avertir le public en temps réel en cas de déversement d’eaux usées ou d’invasion de moules zébrées dans des cours d’eau comme le lac Winnipeg.

« Nous sommes fiers d’appuyer la Lake Winnipeg Foundation, The Gordon Foundation et l’IIDD-RLE alors qu’elles travaillent à élaborer des solutions concrètes pour préserver les étendues d’eau douce, souligne Kim Ulmer, présidente régionale, Manitoba, Saskatchewan et Nord-Ouest de l’Ontario, RBC. Vu la rapidité à laquelle se produisent les changements environnementaux, la technologie offre un potentiel énorme pour le développement de solutions aux problèmes liés à l’eau et au climat. »

Collaborer entre organisations et entre gouvernements, écouter les autres et valoriser le savoir-faire de chacun : voilà comment nous protégeons notre eau, résume Alexis Kanu, directeur général, LWF. Tout est question de collaboration et de regard vers l’avenir. Pour les générations futures, le lac Winnipeg, le lac Érié, le lac Tai et le lac Hopatcong seront des étendues d’eau propres, claires, limpides – sans algues nocives à la surface.