Vous êtes-vous déjà demandé comment les entrepreneurs réussissent à transformer leurs rêves en réalité ? Ce qui les motive à repousser les limites, à susciter le changement et à faire progresser leur secteur ? Nous avons eu l’occasion de le demander à des propriétaires de petite entreprise du Canada.
Grâce à l’appui de SheEO, les fondatrices de Routine, Neige et Pippa Blair, sont en mesure d’offrir plus de produits naturels à un plus grand nombre de consommateurs. Outre le financement, elles peuvent compter sur un réseau de mentores pour les aider à prendre de l’expansion.
Les deux sœurs relatent l’origine de Routine Inc. et expliquent l’atout que représente le soutien de SheEO pour l’avenir de leur entreprise.
Q. : Qu’est-ce qui vous a poussé à créer Routine ?
Pippa : Neige s’intéressait à des ingrédients propres, c’est-à-dire à base de plantes, sûrs, non chimiques. Des ingrédients dont on peut prononcer le nom. Les déodorants conventionnels fonctionnaient pour elle, mais ce n’était pas le cas pour les produits naturels. Elle a donc créé un déodorant répondant à ses critères.
Les gens lui ont dit que le produit était génial et l’ont encouragée à le mettre en marché, mais elle n’était pas certaine de vouloir devenir « la fille qui fabrique du déodorant ».
Elle a commencé à le vendre au Market Collective, un marché local à Calgary, et dès le premier week-end, elle avait écoulé tout son stock. C’est alors qu’elle s’est dit qu’il serait beaucoup plus amusant de se lancer dans cette entreprise avec quelqu’un. Et elle m’a proposé de faire équipe avec elle. C’est ainsi que tout a commencé.
Q. : Transformer une idée en produit concret n’est pas nécessairement facile. Comment l’avez-vous fait ?
Neige : Je suis créative : j’aime l’art, la musique, et les trucs naturels intéressants, mais aussi esthétiques. J’avais donc envie de créer un produit naturel dont l’apparence était radicalement différente de celle des produits naturels sur le marché.
Je concevais des produits depuis toujours… J’ai de la facilité à créer des choses et je sais comment les différents ingrédients interagissent. J’ai une foule de recettes que j’accumule depuis un bon moment déjà.
Q. : Comment Routine a-t-elle vu le jour et comment avez-vous réussi à vous rendre là où vous êtes aujourd’hui ?
Neige : Après ce premier week-end au marché, nous avons investi 250 $ chacune pour remonter les stocks.
Nous avons aussi communiqué avec trois magasins à Calgary qui, selon nous, pourraient s’intéresser à notre produit. Deux de ces trois magasins nous ont rappelées. Nous étions aussi présentes dans les marchés, ce qui a contribué à créer de la demande. Les gens demandaient aux détaillants de vendre nos produits, de sorte que notre croissance au cours des premières années a vraiment été stimulée par les consommateurs. Dès la deuxième année, nos produits étaient distribués dans plus de 100 magasins.
Pendant quatre bonnes années, nous avons réinvesti tous nos bénéfices dans l’entreprise. Aujourd’hui, nos produits sont vendus dans 2 500 magasins au Canada, aux États-Unis, aux Émirats arabes unis et en Europe.
Q. : Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu lorsque vous démarriez l’entreprise ?
Pippa : Le meilleur conseil qu’on m’ait donné vient en fait de Neige. Elle m’a conseillé de suivre mon instinct. Lorsque vous démarrez une entreprise, de nombreuses personnes vous donnent des conseils. Certes, vous devez écouter ces conseils — et écouter vos clients —, mais vous savez mieux que quiconque ce qui convient à votre entreprise. Faites confiance à votre instinct, même si vous êtes à contre-courant.
Neige : Je dirais que le meilleur conseil vient du livre ReWork, de Jason Fried. Il dit : « Planifier, c’est deviner ». Si vous planifiez à outrance et n’êtes pas prêt à déroger de ce plan, vous ne serez pas agile, vous ne pourrez pas vous adapter à l’imprévu.
Q. : Au-delà de votre investissement initial de 250 $, à quel type de financement aviez-vous recours ?
Pippa : À un moment donné, nous avions besoin de financement pour nos stocks et devions prendre une décision : les investisseurs ou les banques ? Les investisseurs nous intéressaient, mais nous comprenions que le recours aux investisseurs convenait mieux pour le marketing et la distribution — les prises de contact et l’établissement de liens — que pour les stocks.
Comme il s’agissait simplement d’une question de flux de trésorerie, nous avons décidé d’obtenir un prêt et une marge de crédit. Cela nous a permis d’accumuler les stocks nécessaires pour aller de l’avant.
Q. : Lorsque vous repensez aux débuts de votre entreprise, y a-t-il quelque chose que vous feriez différemment ?
Neige : Non. Nous avons connu une croissance organique formidable. C’est une aventure et nous nous amusons. Et nous nous donnons la permission de faire des erreurs. Je ne ferais rien différemment, sauf peut-être m’épiler moins les sourcils.
Pippa : Nous nous estimons extrêmement privilégiées. Tout nous semble tout à fait juste. Aucun des obstacles que nous avons dû surmonter n’était majeur, et nous n’avons pas paniqué en cas de difficulté.
Nous croyons que tout arrive pour une raison. Quant aux défis, ils nous ont permis d’améliorer nos produits. Il faut parfois vaincre des difficultés. Si tout est trop facile, vous tiendrez les choses pour acquises. Il faut adopter une attitude positive par rapport aux contraintes. Il faut mériter sa réussite.
Q. : Quelles sont les personnes qui vous ont appuyées dans votre parcours ?
Neige : Avant tout, nous nous sommes appuyées mutuellement. Chacune est la meilleure alliée de l’autre. Ensuite, je dirais sans contredit notre famille — les membres de notre famille ont été nos premiers employés. Des amis de Pippa qui étudiaient en soins infirmiers nous ont aidées parfois à fabriquer des produits.
On nous a aussi mis en contact avec l’entreprise accélératrice d’Arlene Dickinson, District Ventures, qui nous a permis d’entrer en relation avec d’autres entreprises. Nous sommes devenues les mentores et les collaboratrices l’une de l’autre, et nous avons créé un réseau de personnes qui peuvent nous donner des conseils. C’était il y a quatre ans. La semaine dernière, nous avons tourné une publicité avec des gens de cet accélérateur.
Nous avons aussi reçu beaucoup de soutien de la collectivité. Nous sommes très engagées auprès du public en faisant la promotion d’ une approche positive de l’entrepreneuriat et en partageant notre histoire. Nous aimons apaiser les craintes et dire aux gens de ne pas avoir peur de tenter le coup. S’il existe une demande pour un produit qui n’existe pas et que vous en avez un à proposer, n’hésitez pas !
Q. : Pourquoi est-il si important pour vous d’être présentes dans votre collectivité ?
Neige : Nous sommes fières d’être installées à Calgary et fières d’être une entreprise canadienne.
Nous avons tissé des liens étroits avec notre collectivité, ce qui a favorisé le bouche-à-oreille et l’établissement d’une clientèle fidèle. Calgary est un milieu très positif et favorable. Récemment, un très bon article du Calgary Herald nous a donné de la visibilité auprès d’une tout autre génération. On nous dit : « Ma mère t’a vue dans le journal ! ».
Auparavant, il n’était question que de pétrole et de gaz dans cette ville. Maintenant, les gens commencent à reconnaître qu’il est possible d’y faire autre chose. Cela ouvre vraiment des portes.
Q. : Quel effet cela fait d’être sélectionné par SheEO ?
Pippa : Cela nous a réellement permis d’aller de l’avant. Vicky Saunders, la chef de la direction de SheEO, m’a envoyé un courriel me disant qu’elle utilisait notre produit, l’aimait et pensait que nous devrions poser notre candidature.
C’était le moment parfait parce que nous étions à la croisée des chemins. Nous avions besoin de financement et de plus d’espace. Nous avions des idées intéressantes pour lesquelles nous avions besoin de financement.
Neige a assisté à la retraite de cinq jours qui proposait un grand nombre d’activités d’apprentissage et d’entreprise, activités qui étaient nouvelles pour nous. Nous avons des devoirs à faire toutes les deux semaines pour consolider notre entreprise. Nous travaillons maintenant avec une mentore de SheEO, et nous nous concentrons sur la culture d’entreprise et les valeurs fondamentales.
Q. : Comment vous assurez-vous que les valeurs de vos employés cadrent avec les vôtres ?
Neige : Vous pouvez façonner délibérément votre culture ou la laisser se former par elle-même. Nous nous assurons de la définir. Nous utilisons trois mots pour décrire nos valeurs : joie, confiance et collectivité.
Pour l’instant, nous n’avons pas embauché de personnes à l’extérieur de notre réseau familial et d’amis, mais nous prenons de l’expansion. Il y a quelques mois, nous avions cinq employés. Nous en comptons désormais onze. Il devient donc important d’embaucher avec discernement.
Nous avons des clients fidèles, et il serait amusant d’en embaucher. Une personne qui est déjà adepte de nos produits sera nécessairement un excellent choix.
Q. : Quelle est la prochaine étape pour Routine ?
Neige : Nous venons de lancer des huiles pour le visage, et les gens les aiment vraiment.
Nous allons lancer des shampoings, des revitalisants, des savons, des parfums, des bougies. Essentiellement, des choses que vous utilisez chez vous. Et dans la mesure du possible, nous allons choisir des emballages ne produisant pas de déchets.
Le soutien et le financement de SheEO nous ont permis de faire bouger les choses plus rapidement.
Reposant sur la profonde générosité des femmes entre elles, le modèle de SheEO réunit des activatrices et des entrepreneures en vue de faire croître des entreprises rentables. Grâce à son engagement à développer des produits propres utilisant un emballage peu polluant, Routine Inc. a été l’une des sept entreprises sélectionnées cette année.
En novembre 2018, les réalisations de 23 femmes ont été soulignées par les Prix canadiens de l’entrepreneuriat féminin RBC 2018. Ces femmes exceptionnelles et leurs entreprises pionnières dans une variété de secteurs ont un objectif en commun : se distinguer par leur excellence.
Un autre article de la série « Femmes entrepreneures canadiennes » :
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